Le 3 février 2025, la communauté éducative sénégalaise a perdu une figure emblématique, un grand défenseur des langues nationales, le Professeur Moussa Daff. Son départ a laissé un vide immense, non seulement dans le domaine de l’éducation, mais aussi dans le cœur de tous ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin. C’est avec une profonde tristesse et un sentiment d’incompréhension que nous avons appris la nouvelle de son décès, à l’âge de 72 ans, à l’hôpital Principal de Dakar.

Le Professeur Moussa Daff, Professeur Titulaire des Universités de classe exceptionnelle, était bien plus qu’un académicien ; il était un visionnaire, un homme d’action, un militant infatigable pour la valorisation des langues nationales et pour un enseignement bilingue harmonieux au Sénégal. Fondateur et acteur clé du modèle d’enseignement bilingue MOHEBS (Modèle Harmonisé de l’Enseignement Bilingue au Sénégal), il a non seulement formé et inspiré des générations d’éducateurs, mais a aussi participé activement à des projets de grande envergure visant à intégrer les langues locales dans le système éducatif sénégalais.

Un héritage fondé sur l’engagement et l’humilité
Le Professeur Daff a occupé de nombreux postes prestigieux tout au long de sa carrière : membre du Haut Conseil de la Francophonie, membre du Conseil d’Administration d’ARED (Association pour la Recherche et l’Éducation en Développement), et expert international en éducation bilingue. Cependant, au-delà de ses titres académiques et de ses distinctions, il se présentait toujours avec une humilité exemplaire, se qualifiant d’« instituteur à l’université » afin de souligner son profond attachement à la pédagogie et à l’éducation pour tous.

Son engagement n’était pas seulement théorique. Il a mis en pratique ses convictions avec une énergie sans pareille, se consacrant à la mise en place de politiques éducatives qui ont eu un impact tangible sur la vie de millions d’élèves. Le MOHEBS, modèle qui s’efforce de promouvoir une éducation inclusive en intégrant les langues nationales dans le programme scolaire, reste l’une de ses contributions les plus durables à l’éducation au Sénégal.

Un parrain pour la Journée Internationale de la Langue Maternelle
En reconnaissance de ses efforts inlassables pour la préservation et la valorisation des langues maternelles, il serait plus que justifié de le désigner parrain de la Journée Internationale de la Langue Maternelle du 21 février 2025. Cette journée, qui célèbre la richesse des langues et des cultures du monde, trouve en lui un modèle de dévouement et de passion. Le Professeur Daff a toujours été un défenseur acharné de l’importance de la langue dans l’épanouissement personnel et collectif, et de la nécessité de préserver les langues locales pour transmettre les savoirs et maintenir la diversité culturelle de notre pays.

Lui attribuer ce rôle de parrain serait non seulement un hommage posthume à son travail colossal, mais aussi une manière de faire perdurer son combat pour une éducation plurilingue et inclusive. Il a œuvré sans relâche pour faire de la langue un vecteur d’émancipation et de développement. En 2025, cette journée serait ainsi l’occasion de célébrer son héritage et de continuer à promouvoir ses idées au niveau national et international.

Un mentor, un modèle, un homme de valeurs
Ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui le décrivent comme un mentor d’une grande sagesse, un homme de grande générosité et de dévouement. Ses collègues et étudiants se souviennent de lui non seulement comme un professeur passionné, mais aussi comme un guide inébranlable qui a toujours su inculquer des valeurs profondes à ses élèves : l’amour du savoir, l’ouverture d’esprit et, surtout, le respect de nos cultures et de nos racines linguistiques.

Le Professeur Moussa Daff n’était pas qu’un homme de science, mais également un bâtisseur de ponts, un créateur de liens entre les générations. Son travail a eu un impact au-delà des frontières sénégalaises, résonnant au cœur de l’Afrique de l’Ouest et dans de nombreuses autres régions du continent. Sa disparition laisse un vide immense dans le domaine de l’enseignement, mais son héritage perdurera à travers toutes les initiatives qu’il a mises en place et toutes les vies qu’il a marquées.

Un adieu qui inspire l’avenir
Le décès du Professeur Daff n’est pas seulement une perte pour sa famille et ses proches collaborateurs. C’est une grande perte pour l’ensemble de la société sénégalaise, pour le monde de l’éducation, et pour la cause de la promotion des langues nationales. Mais sa mémoire et son travail continueront de guider ceux qui suivent ses traces.

Le Professeur Moussa Daff incarne l’espoir d’une éducation qui valorise les langues et les cultures locales. Le Sénégal doit se saisir de son héritage pour pousser encore plus loin les réformes qu’il a initiées. En honorant sa mémoire le 21 février 2025, à l’occasion de la *Journée Internationale de la Langue Maternelle*, nous affirmons notre engagement à continuer son œuvre et à œuvrer pour un avenir où l’éducation et la culture seront des instruments de développement durable, de paix et de prospérité.

Moussa Daff, par son engagement, son dévouement et ses actions concrètes, a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’éducation au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. À travers le MOHEBS, à travers ses recherches et son enseignement, il nous a appris que l’avenir de notre société passe aussi par la valorisation de nos langues et de nos cultures. En honorant sa mémoire et en le désignant comme parrain de cette journée symbolique, nous rendons hommage à sa vision et à son amour pour l’éducation et la diversité culturelle.

Que son esprit continue de nous guider dans nos efforts pour bâtir un avenir meilleur. Paix à son âme.

Baidy Tall Ndour
Écrivain chercheur bilingue français /Wolof
Expert Consultant wolof
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