Khadija Sall, née à Sinthiou Bamambé dans la région de Matam, a grandi à Cambérène, où elle a suivi son parcours scolaire avant d’obtenir son baccalauréat au lycée Blaise Diagne de Dakar. Titulaire d’un Master 2 en journalisme et communication, elle est également membre du collectif Parlons Poésie et du Cénacle des jeunes écrivains du Sénégal. Présidente du collectif Fouta Horizon Slam, qui regroupe les écrivains et poètes de la région de Matam, Khadija est l’auteure de trois ouvrages, dont son dernier recueil de poèmes intitulé Jet d’encre, publié en juin 2024.

_____

1. Quel est votre écrivain préféré ? 

Mon écrivain préféré est Albert Camus
C’est un auteur qui m’a profondément marqué par son histoire et son parcours, notamment son enfance très difficile. C’est un héros, une véritable source d’inspiration. Son parcours montre qu’il ne faut jamais se décourager dans la vie. À travers ses livres, on en apprend davantage sur sa personnalité et sur les problèmes de société qui lui tenaient à cœur et qu’il défendait. 


2. Quel est le livre qui a marqué votre enfance ? 

Le livre qui a marqué mon enfance est Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry. Il m’a énormément aidé à comprendre certaines réalités de la vie. 
Ce roman m’a permis de saisir les limites de la liberté et de réaliser que la vie elle-même est un défi. Il enseigne que pour atteindre ses objectifs, il faut parfois faire des sacrifices, y compris celui de son propre bonheur, au profit de la collectivité. Mais au final, on en ressort vainqueur. 



3. Si vous ne pouviez lire qu’un seul livre pour le reste de votre vie, lequel choisiriez-vous ? 

L’Homme qui voulait être heureux, un roman philosophique de Laurent Gounelle sur la quête du bonheur. 
Il y affirme que « ce n’est pas en évitant les obstacles qu’on avance, mais en les affrontant avec courage» et que « nous sommes souvent influencés par de nombreux facteurs extérieurs, mais il faut suivre ce que nous aimons ». 
Enfin, une idée essentielle du livre : « On est ce qu’on croit ». Cette lecture m’a aidé à renforcer ma confiance en moi, à croire en mes rêves et à me battre pour les réaliser. 



4. Quel est votre personnage littéraire favori ? 

Il m’est difficile d’en choisir un seul, mais je dirais Rivière dans Vol de nuit
Il dirige une équipe de l’Aéropostale en Amérique du Sud et pousse ses pilotes à l’excellence en leur insufflant vertu et courage. Sa passion pour l’aviation et sa dévotion m’ont profondément touché. 



5. Quel livre offririez-vous à un proche qui veut découvrir la littérature sénégalaise ? 

Une si longue lettre de Mariama Bâ. Ce roman emblématique aborde la condition des femmes au Sénégal ainsi que les règles qui régissent la société sénégalaise. 



6. Quelle est votre citation littéraire préférée ? 

« Non, ce n’était pas moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l’accord et le silence qui de lui à moi faisaient naître l’amour. Amour que je n’avais pas la faiblesse de revendiquer pour moi seul, conscient et orgueilleux de le partager avec toute une race, née du soleil et de la mer, vivante et savoureuse, qui puise sa grandeur dans sa simplicité et, debout sur les plages, adresse son sourire complice au sourire éclatant des ciels.»  — Albert Camus, Noces (1938) 

Cette citation résume, selon moi, le devoir de l’homme sur Terre. 

7. Quel est le dernier livre que vous avez lu et aimé ? 

La Servante écarlate de Margaret Atwood, publié en 1985. Ce roman, qui a contribué à la réflexion sur l’émancipation des femmes, décrit un futur dystopique où celles-ci sont en voie de disparition et divisées en trois catégories : les Épouses, puissantes ; les Marthas, domestiques ; et les Servantes, vouées à la reproduction. 
C’est un livre féministe qui m’a permis d’approfondir ma compréhension de la société occidentale. 



8. Un roman que vous rêveriez de voir adapté au cinéma ? 

L’écharpe des jumelles de Mamadou Samb. Ce livre met en lumière la condition féminine et le statut des jeunes filles dans les sociétés africaines. Il aborde des comportements insidieux qui perpétuent des traditions rétrogrades, comme le mariage forcé, les violences faites aux femmes et d’autres pratiques néfastes. Une adaptation cinématographique pourrait sensibiliser un plus large public. 


9. Quel est votre rituel de lecture ? 

J’adore lire la nuit, lorsque le calme s’installe. 
J’aime aussi m’évader au bord de la mer, écouter le vent souffler, méditer sur mes dernières lectures et puiser l’inspiration pour mes prochains écrits. 
Parfois, je m’enferme dans une pièce et transforme mes textes en slam pour mieux les entendre résonner en moi. 



10. Quel genre littéraire vous attire le plus ? 

La poésie, avant tout. 
Bien que, en tant qu’écrivaine, j’aie la curiosité d’explorer d’autres genres, la poésie est celle qui me parle le plus. Elle est le seul genre capable de panser les maux de la société, grâce à une diversité de thématiques profondes et variées. 



11. À quelle époque auriez-vous aimé vivre en tant que lecteur ? 

À l’époque coloniale, quand la poésie prônait la valorisation et la contestation, et où le roman était une arme de libération. 
Des œuvres comme Chants d’ombre, Batouala, Tout s’effondre, Une vie de boy, Les bouts de bois de Dieu… incarnaient cette lutte. 



12. Quel livre a changé votre vision du monde ? 

L’Étranger d’Albert Camus. Il m’a permis de mieux comprendre la philosophie de la société et les principes fondamentaux de la vie humaine. 



13. Quels auteurs contemporains recommanderiez-vous ? 

Milan Kundera, 
Fara Njaay, 
Yasmina Khadra, 
Papa Moussa Sy, 
Elaz Ndongo Thioye, 
Leïla Slimani, 
Mohamed Mbougar Sarr, 
Mona Chollet, 
entre autres. 



14. Si vous pouviez dîner avec un écrivain, qui choisiriez-vous ? 

Laurent Gounelle, pour qu’il m’explique sa philosophie de la vie. 


15. Pour vous, quel est le rôle de la littérature dans la société ? 

Pour moi, la littérature éduque et transmet des pensées positives. Elle influence par le roman et séduit par la poésie. Elle combat pour ceux qui souffrent dans des conditions de détresse. 
Elle représente chacun de nous, notre identité, notre héritage. Elle met en lumière nos valeurs, notre culture et notre civilisation.