La 15e édition du Salon International du Livre d’Abidjan (SILA 15), qui s’est tenue du 06 au 10 mai dernier, a suscité de nombreuses réactions. Des critiques, acerbes parfois, ont été formulées. Normal ! L’évènement s’est tenu dans des conditions difficiles tant pour les exposants que pour les visiteurs. Après ce parcours de combattant pour joindre le Parc des expositions, il a fallu subir la fournaise de l’intérieur du chapiteau. Oui c’était douloureux.

Nous vous prions de bien vouloir lire cette publication jusqu’au bout pour comprendre les circonstances exceptionnelles qui sont à la base de ces désagréments.

Alors, que s’est-il passé réellement ?

1/ Le Commissariat Général du SILA avait réservé le hall habituel du Parc des Expositions depuis la fin de la 14e édition. Cependant, un changement important est survenu : la gestion du Parc des Expositions, précédemment assurée par le ministère du Commerce, a été transférée à une structure privée qui, évidemment, selon son cahier de charges a ses objectifs.

2/ L’année 2025 étant une année électorale, de nombreux événements majeurs initialement prévus pour les mois de septembre et octobre ont été avancés. Cette réorganisation a engendré une forte demande sur le Parc des Expositions, qui a dû accueillir des événements simultanés dans le mois de mai tels que le Marché des Solutions Spatiales et un Sommet sur l’emploi des jeunes. La pression était donc énorme sur cet espace, une situation dans laquelle les grandes structures, certainement les mieux dotées financièrement, se sont imposées.

3/ Le SILA est soutenu par le Ministère de la Culture et de la Francophonie, dont les moyens financiers ne peuvent rivaliser avec ceux de ministères plus puissants. Le ministère de la Culture et de la francophonie est loin d’occuper la meilleure place dans l’ordre de préséance du gouvernement, ce qui limite les options disponibles lorsqu’un tel défi surgit.

4/ Dans ces conditions, et puisque le hall habituel (où le SILA 14 s’est tenu) a été attribué à un autre évènement, les gestionnaires du Parc ont proposé l’espace vert pour accueillir le Salon du livre.
Fallait-il reporter le SILA ?
Impossible, car les exposants avaient déjà planifié leurs agendas. Face à l’urgence, les organisateurs se sont démenés pour que le SILA se tienne aux dates arrêtées depuis une année : Il fallait payer quand même des millions pour occuper l’espace vert, faire monter un énorme chapiteau et des stands, louer de groupes électrogènes, des climatiseurs et même des latrines mobiles. Ces mesures ont été prises dans l’urgence, ce qui explique les désagréments surtout la terrible chaleur sous le chapiteau.

5/ Certains d’entre vous se sont interrogés : pourquoi ne pas faire le choix du Palais de la Culture comme alternative, car il avait été le lieu de plusieurs éditions précédentes (avant le SILA 14). Malheureusement, il faut le noter une fois pour toutes, le Palais ne pouvait plus accueillir un événement de cette envergure. L’extension du Salon a conduit à une augmentation significative du nombre de stands, passant de 60 à près de 100, avec la participation de 30 pays et l’enregistrement de  de milliers de visiteurs. Un espace comme celui du Palais de la Culture ne répondait plus aux exigences de cette grande manifestation.

6/ Faut-il alors brûler les organisateurs ? Malgré la chaleur et les difficultés logistiques, cette 15e édition est une réussite à divers points de vue :
-La mobilisation des visiteurs était impressionnante. Le SILA a attiré un grand nombre de participants, 120 000 visiteurs selon le Commissaire général, ce qui témoigne de l’intérêt croissant pour cet événement majeur du livre en Afrique. Les deux autres évènements qui avaient lieu dans les salles confortables du Parc n’ont pas fait mieux.
– Les affaires réalisées par certains exposants (surtout les grands) ne sont pas à négliger. De nombreux exposants ont pu concrétiser leurs projets et développer leurs réseaux.
– Le SILA 15 a osé des innovations qu’il faut saluer. La conférence inaugurale commise par le Prof Adama Coulibaly, la soirée SILA Legends ont été des moments forts qui ont enrichi l’expérience du public et des professionnels présents. A cela, il faut ajouter la mobilisation de l’université FHB (étudiants et enseignants de lettres modernes), la mise en ligne de bus gratuits dans certaines communes.

7/ Il faut saluer vivement les visiteurs. Ils ont bravé toutes sortes d’épreuves pour prendre d’assaut le SILA.

8/ Il faut encourager l’équipe organisatrice et saluer les efforts considérables qu’ils ont déployés. Ils ont mouillé le maillot. Nous avons eu chaud au SILA certes, mais les organisateurs ont eu certainement plus chaud que nous. Le coq aussi sue, c’est parce qu’il est couvert de plume qu’on ne s’en rend pas compte.

Les propositions des uns et des autres en faveur de la délocalisation du SILA à l’université, à Ficgayo ou de son éclatement en deux lieux seront examinées de près par le Commissariat général. Elles témoignent de ce que les Ivoiriens tiennent à cet évènement. En attendant, le SILA 16 se tiendra au Parc des expositions dans les conditions optimales de confort. Les travaux sur l’axe Treichville-Parc, s’achèveront avant mai 2026 et contribueront à fluidifier le parcours.

𝐋𝐞 𝐒𝐈𝐋𝐀 𝐚 𝐛𝐞𝐬𝐨𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬. 𝐌𝐞𝐫𝐜𝐢 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐭𝐢𝐞𝐧.
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Macaire ETTY
𝑨𝒎𝒃𝒂𝒔𝒔𝒂𝒅𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒖 𝑺𝑰𝑳𝑨