
𝙿𝚘𝚞𝚛 𝚕𝚎 𝚌𝚛𝚒𝚝𝚒𝚚𝚞𝚎 𝚕𝚒𝚝𝚝𝚎́𝚛𝚊𝚒𝚛𝚎 𝙳𝚎 𝙺𝚘𝚒𝚐𝚗𝚢, 𝚕𝚊 𝚕𝚒𝚝𝚝𝚎́𝚛𝚊𝚝𝚞𝚛𝚎 𝚎𝚜𝚝 𝚞𝚗𝚎 « 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚎𝚛𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚝𝚎𝚗𝚍𝚞𝚎 𝚊𝚞-𝚍𝚎𝚜𝚜𝚞𝚜 𝚍𝚞 𝚟𝚒𝚍𝚎, » 𝚞𝚗 𝚕𝚒𝚎𝚞 𝚘𝚞̀ 𝚕𝚊 𝚟𝚎́𝚛𝚒𝚝𝚎́ 𝚎𝚜𝚝 𝚞𝚗𝚎 « 𝚏𝚕𝚊𝚖𝚖𝚎 𝚚𝚞𝚒 𝚍𝚊𝚗𝚜𝚎 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚕𝚊 𝚗𝚞𝚒𝚝 𝚍𝚎𝚜 𝚜𝚢𝚖𝚋𝚘𝚕𝚎𝚜. » 𝙳𝚊𝚗𝚜 𝚌𝚎𝚝 𝚎𝚗𝚝𝚛𝚎𝚝𝚒𝚎𝚗 𝚍𝚘𝚗𝚗𝚎́ 𝚊̀ 𝙻𝚎𝚝𝚝𝚛𝚎𝚜 𝙸𝚟𝚘𝚒𝚛𝚎, 𝚒𝚕 𝚗𝚘𝚞𝚜 𝚕𝚒𝚟𝚛𝚎 𝚕𝚎𝚜 𝚏𝚘𝚗𝚍𝚊𝚝𝚒𝚘𝚗𝚜 𝚍𝚎 𝚜𝚊 𝚙𝚎𝚗𝚜𝚎́𝚎, 𝚍𝚎 𝚜𝚊 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚒𝚘𝚗 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚕𝚎𝚜 𝚖𝚘𝚝𝚜 𝚊̀ 𝚕’𝚒𝚗𝚏𝚕𝚞𝚎𝚗𝚌𝚎 𝚝𝚎𝚌𝚝𝚘𝚗𝚒𝚚𝚞𝚎 𝚍’𝙰𝚒𝚖𝚎́ 𝙲𝚎́𝚜𝚊𝚒𝚛𝚎, 𝚍𝚘𝚗𝚝 𝚕𝚎 𝙳𝚒𝚜𝚌𝚘𝚞𝚛𝚜 𝚜𝚞𝚛 𝚕𝚎 𝚌𝚘𝚕𝚘𝚗𝚒𝚊𝚕𝚒𝚜𝚖𝚎 𝚏𝚞𝚝 𝚞𝚗𝚎 « 𝚐𝚒𝚏𝚕𝚎 𝚍𝚎 𝚕𝚞𝚖𝚒𝚎̀𝚛𝚎 » 𝚜𝚞𝚛 𝚜𝚘𝚗 𝚙𝚊𝚛𝚌𝚘𝚞𝚛𝚜. 𝙰𝚋𝚘𝚛𝚍𝚊𝚗𝚝 𝚕𝚎 𝚛𝚘̂𝚕𝚎 𝚒𝚗𝚝𝚛𝚊𝚗𝚜𝚒𝚐𝚎𝚊𝚗𝚝 𝚍𝚞 𝚌𝚛𝚒𝚝𝚒𝚚𝚞𝚎 𝚎𝚝 𝚜𝚊 𝚖𝚊𝚗𝚒𝚎̀𝚛𝚎 𝚍’𝚞𝚝𝚒𝚕𝚒𝚜𝚎𝚛 𝚕𝚊 𝚌𝚘𝚗𝚝𝚛𝚘𝚟𝚎𝚛𝚜𝚎 𝚙𝚘𝚞𝚛 « 𝚌𝚕𝚊𝚛𝚒𝚏𝚒𝚎𝚛 𝚜𝚊 𝚟𝚎́𝚛𝚒𝚝𝚎́, » 𝙳𝚎 𝙺𝚘𝚒𝚐𝚗𝚢 𝚘𝚏𝚏𝚛𝚎 𝚎́𝚐𝚊𝚕𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝 𝚞𝚗 𝚛𝚎𝚐𝚊𝚛𝚍 𝚎́𝚌𝚕𝚊𝚒𝚛𝚎́ 𝚜𝚞𝚛 𝚕𝚊 𝚜𝚌𝚎̀𝚗𝚎 𝚒𝚟𝚘𝚒𝚛𝚒𝚎𝚗𝚗𝚎 𝚎𝚗 𝚖𝚎𝚝𝚝𝚊𝚗𝚝 𝚎𝚗 𝚕𝚞𝚖𝚒𝚎̀𝚛𝚎 𝚌𝚒𝚗𝚚 𝚊𝚞𝚝𝚎𝚞𝚛𝚜 𝚚𝚞𝚒 𝚖𝚎́𝚛𝚒𝚝𝚎𝚗𝚝 𝚝𝚘𝚞𝚝𝚎 𝚗𝚘𝚝𝚛𝚎 𝚊𝚝𝚝𝚎𝚗𝚝𝚒𝚘𝚗.
PROPOS RECUEILLIS PAR 𝙇𝙀𝙏𝙏𝙍𝙀𝙎 𝙄𝙑𝙊𝙄𝙍𝙀
𝙌𝙐’𝙀𝙎𝙏-𝘾𝙀 𝙌𝙐𝙄 𝙑𝙊𝙐𝙎 𝙋𝘼𝙎𝙎𝙄𝙊𝙉𝙉𝙀 𝘿𝘼𝙉𝙎 𝙇𝘼 𝙇𝙄𝙏𝙏𝙀𝙍𝘼𝙏𝙐𝙍𝙀 ?
Ce qui me passionne dans la littérature, c’est sa capacité à transformer la fragilité humaine en lumière d’éternité. La littérature (la grande) est le lieu où les mots cessent d’être de simples signes pour devenir des souffles, des éclats d’âme, des lueurs dans la nuit tumultueuse de l’existence. Chaque bon livre est une tentative de traversée de l’être, chaque belle phrase une passerelle tendue au-dessus du vide. La littérature m’enchante parce qu’elle me délivre du temps linéaire qui me tire vers le bas. Elle est tour à tour mémoire et prophétie, racine et élan. La littérature m’apprend que la vérité n’est jamais un bloc immobile qu’on trouve à Gnaboya, mais une flamme qui danse dans la nuit des symboles écaillés. Elle me rappelle que l’homme, tout en étant poussière, porte en lui des galaxies de sens. Bref, ce qui me passionne dans la littérature, c’est sa capacité à faire de la douleur un chant, du silence une lumière qui palpite derrière l’éphémère.
𝙌𝙐𝙀𝙇 𝙀𝙎𝙏 𝙇𝙀 𝙇𝙄𝙑𝙍𝙀 𝙊𝙐 𝙇’𝘼𝙐𝙏𝙀𝙐𝙍 𝙌𝙐𝙄 𝘼 𝙇𝙀 𝙋𝙇𝙐𝙎 𝙄𝙉𝙁𝙇𝙐𝙀𝙉𝘾𝙀 𝙑𝙊𝙏𝙍𝙀 𝙋𝘼𝙍𝘾𝙊𝙐𝙍𝙎 ?
Vast
e question ! L’écrivain qui a tracé dans ma vie les sillons les plus ardents est sans doute Aimé Césaire. Tous ses livres sont pour moi des constellations en révolte qui éclatent sur les lèvres de la grande Histoire. Le verbe de Césaire est un tambour, sa syntaxe, un cyclone, et sa poésie, un chant de révolte qui me fait vibrer jusqu’aux os. Parmi les éclats de feu de Césaire, un livre s’avance comme une épée dressée : Discours sur le colonialisme. Ce texte fut pour moi une gifle de lumière, une parole qui décape l’illusion et met à nu la barbarie sous le masque de la civilisation. Césaire, par la fulgurance de son style, m’a montré que la parole peut devenir glaive et rosée, blessure sacrée et baume, et que la littérature n’est pas un simple ornement de l’âme, mais un cri, une arme capable de fissurer les murailles du silence. Césaire fut, est, et restera, pour moi, non seulement un maître, mais une source vive où je viens encore étancher ma soif de vérité.
𝙌𝙐𝙀𝙇 𝙀𝙎𝙏 𝙇𝙀 𝙍𝙊𝙇𝙀 𝘿𝙐 𝘾𝙍𝙄𝙏𝙄𝙌𝙐𝙀 𝙇𝙄𝙏𝙏𝙀𝙍𝘼𝙄𝙍𝙀 𝘿𝘼𝙉𝙎 𝙇𝙀 𝘾𝙊𝙉𝙏𝙀𝙓𝙏𝙀 𝘼𝘾𝙏𝙐𝙀𝙇 𝘿𝙀 𝙇𝘼 𝙇𝙄𝙏𝙏𝙀𝙍𝘼𝙏𝙐𝙍𝙀 ?
Dans l’océan tumultueux des publications, le critique littéraire se tient tel un guetteur au rivage, séparant l’écume frivole de la vague profonde. Il trie les cochonneries littéraires pour faire connaître au lecteur les perles du langage. En un mot, c’est Amoinlina qui a raison : le critique littéraire doit rendre des jugements et non pas des services. Il doit évaluer une œuvre indépendamment de toute autre considération. Si vous commencez à vouloir faire plaisir, c’est fini…
𝘾𝙊𝙈𝙈𝙀𝙉𝙏 𝙂𝙀𝙍𝙀𝙕-𝙑𝙊𝙐𝙎 𝙇𝙀𝙎 𝘾𝙍𝙄𝙏𝙄𝙌𝙐𝙀𝙎 𝙀𝙏 𝙇𝙀𝙎 𝘾𝙊𝙉𝙏𝙍𝙊𝙑𝙀𝙍𝙎𝙀𝙎 𝙇𝙄𝙀𝙀𝙎 𝘼 𝙑𝙊𝙎 𝙊𝙋𝙄𝙉𝙄𝙊𝙉𝙎 ?
Que viennent-ils me dicter, ceux qui n’osent même pas sonder la profondeur de leurs propres pensées ? Pardon, je reprends. Je ne “gère” pas les “critiques” comme une maison qui brûle. Je les lis, puis, lentement, je les examine, en cherchant ce que la sagesse peut en tirer. Ma foi, certaines m’enseignent, d’autres m’arrachent un sourire presque tendre, et me rappellent les limites de la perception humaine. Vous savez, je vais vous faire un aveu, ne le dites à personne : la controverse est un outil que j’aime, car elle permet de révéler la pluralité des vérités et m’incite à clarifier la mienne. Ainsi, quand les gars hurlent ou aboient à la lune que je dépasse les bornes, je m’incline, mais, seulement, pour mieux “sortir dans dos”, avec la force de frappe d’un esprit qui sait que la vérité se cache toujours entre les jambes du scandale. Et puis, mon cher, que seraient les opinions littéraires sans quelques éclats de scandale ?
𝙌𝙐𝙀𝙇𝙎 𝙎𝙊𝙉𝙏, 𝙎𝙀𝙇𝙊𝙉 𝙑𝙊𝙐𝙎, 𝙇𝙀𝙎 𝙋𝙍𝙄𝙉𝘾𝙄𝙋𝘼𝙐𝙓 𝘿𝙀𝙁𝙄𝙎 𝙀𝙏 𝙇𝙀𝙎 𝙊𝙋𝙋𝙊𝙍𝙏𝙐𝙉𝙄𝙏𝙀𝙎 𝘼𝘾𝙏𝙐𝙀𝙇𝙇𝙀𝙎 𝘿𝙀 𝙇𝘼 𝙇𝙄𝙏𝙏𝙀𝙍𝘼𝙏𝙐𝙍𝙀 𝙄𝙑𝙊𝙄𝙍𝙄𝙀𝙉𝙉𝙀 ?
Pas de souffle pour toussoter une virgule. Faites passer !
𝙌𝙐𝙀𝙇𝙎 𝙎𝙊𝙉𝙏 𝙇𝙀𝙎 𝘼𝙐𝙏𝙀𝙐𝙍𝙎 𝙄𝙑𝙊𝙄𝙍𝙄𝙀𝙉𝙎 𝘾𝙊𝙉𝙏𝙀𝙈𝙋𝙊𝙍𝘼𝙄𝙉𝙎 𝙌𝙐𝙄, 𝙎𝙀𝙇𝙊𝙉 𝙑𝙊𝙐𝙎, 𝙈𝙀𝙍𝙄𝙏𝙀𝙉𝙏 𝙐𝙉𝙀 𝘼𝙏𝙏𝙀𝙉𝙏𝙄𝙊𝙉 𝙋𝘼𝙍𝙏𝙄𝘾𝙐𝙇𝙄𝙀𝙍𝙀 𝙀𝙏 𝙋𝙊𝙐𝙍𝙌𝙐𝙊𝙄 ?
Parmi les murmures du présent, Essie Kelly s’élève comme une voix féminine audacieuse. Sa langue, telle une caresse aiguë trempée dans l’encre de l’intime et du politique, explore les plis de l’âme féminine avec une sensibilité qui épouse la justesse du regard. Essie Kelly ne raconte pas, elle révèle comme on ôte un masque à la nuit pour mieux voir son trébuchement. Lire Essie Kelly, c’est entrer dans un univers où la comédie humaine s’écrit au féminin sacré. Puis vient l’homme qui a tissé ce vers de génie : « entre deux nuages ton rire ouvre la nuit », Serge Agnessan, le poète de la mémoire. La poésie d’Agnessan est comme un fil d’or tissé de métaphores et d’images élancées qui captent le lecteur sans qu’il ne s’en aperçoive. Ce qui frappe dans son écriture, c’est cette légèreté dans le choix des mots. Loin d’être ostentatoire, la poésie d’Agnessan joue avec des nuances fines, des jeux d’ombres et de lumières qui ouvrent des espaces de réflexion sans jamais perdre de vue la musicalité du texte. Dans la case de ce poète, chaque geste poétique semble vibrer au rythme d’une simplicité qui, dans son éclat, laisse entrevoir les plus grandes blessures de la mémoire collective, même si je trouve, hélas ! que son premier roman, L’Adieu à Kourouma, qui fait 339 pages, aurait pu faire trois fois moins, tant le livre contient beaucoup de cendres, mêlées à quelques diamants seulement. Aussi, il faut prêter l’oreille aux mots de Placide Konan et aux virgules d’Abdal Art, car lorsque l’un daigne extraire sa plume du tumulte des paroles vaines, et que l’autre délaisse ses éloges mous, leurs mains tracent des vérités qu’on ose plus dire. Et comment taire le nom d’Érick Digbé, l’enfant de Gnaboya, qui dans Comme jours d’après déluge, a su tracer, à l’encre de l’âme, un sentier inédit pour marcher aux côtés du deuil, sans jamais le nommer, comme on caresse l’absence sans troubler son ombre. On ne lit pas Comme jours d’après déluge, on y entre comme dans une forêt sacrée, les pieds nus sur les braises du verbe. Ces cinq voix méritent l’attention, non seulement pour ce qu’elles disent de la Côte d’Ivoire, mais pour ce qu’elles touchent en chacun de nous.
