
Le Sénégal d’aujourd’hui ne peut plus se permettre l’absence d’une Bibliothèque nationale digne de ce nom. J’aborde cette question pour la énième fois, convaincu qu’il s’agit là d’une demande sociale et culturelle urgente, portée par l’héritage littéraire exceptionnel de notre pays : de Cheikh Anta Diop à Aminata Sow Fall, de Birago Diop à Ken Bugul, de Boubacar Boris Diop à tant d’autres voix majeures qui font résonner le verbe sénégalais au-delà des frontières.
Cette institution manque cruellement à notre souveraineté culturelle, alors même que celle-ci est désormais au cœur des aspirations de notre peuple. Depuis 1970, ce projet mûrit dans les discours, sans jamais se concrétiser, de Senghor à Macky Sall, en passant par tous les régimes qui se succèdent. Avec l’élection du Président Bassirou Diomaye Faye, porté par un souffle de renouveau et l’élan d’une jeunesse déterminée, l’espoir renaît de voir enfin se réaliser cette ambition fondatrice. Car il n’y a pas de nation forte sans mémoire organisée, sans lieu symbolique où l’esprit du peuple se conserve, se transmet et s’invente.
À cet égard, le Professeur Djibril Samb confie ici que son vœu le plus cher est de travailler, ne serait-ce qu’un seul jour, à la Bibliothèque nationale du Sénégal avant de rendre l’âme : un cri du cœur qui devrait tous nous faire frissonner et nous rappeler l’urgence absolue de poser, enfin, la première pierre de cette maison du savoir.
Papa Moussa SY, Professeur de Lettres – Écrivain, poète.