Dakar, 21 mai 2025 — C’est dans le cadre impressionnant du Grand Théâtre National Doudou Ndiaye Coumba Rose que s’est déroulée la cérémonie d’ouverture de la 4e édition du Festival International de Littérature de Dakar (FILID). Une soirée riche en émotions, où la parole littéraire s’est affirmée comme vecteur de liberté, de mémoire et de transmission.

La cérémonie a débuté par les mots de bienvenue de Serigne Fall Gueye, directeur du Grand Théâtre, qui a salué la convergence des talents littéraires venus de divers horizons, soulignant l’importance de cet événement pour le rayonnement culturel du Sénégal.
Dans une intervention perspicace, Aminata Sy a affirmé que « le livre doit se réinventer pour survivre à l’ère numérique et aux transformations sociétales ». Elle a tracé l’évolution de sa place dans l’espace public, plaidant pour un renouvellement des pratiques de lecture en phase avec les attentes actuelles.
Le Colonel Gueye, personnalité éminente de PEN Sénégal, a réitéré les valeurs fondatrices de l’organisation : liberté d’expression, solidarité entre écrivains et défense des droits essentiels. Un rappel nécessaire dans un monde où la liberté de parole est encore trop souvent restreinte.
L’écrivain Sami Tchak, s’exprimant au nom des participants, a rendu un vibrant hommage au pays hôte : « Le Sénégal est le pays qui nous a donné Senghor, le poète-président, et Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt. Ce n’est pas une coïncidence, mais une continuité. » Il a salué la tradition littéraire sénégalaise comme une torche portée par les nouvelles générations.
Ensuite, Seydou Sow, vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal, a souligné l’importance de la lecture dans la formation d’un citoyen éclairé : « La lecture fortifie l’esprit. Un peuple qui lit est un peuple qui gagne », a-t-il cité, empruntant les mots de Nelson Mandela. Il a également rendu un hommage appuyé à l’écrivain Fodé, respecté au-delà des frontières, et évoqué la mémoire d’ABB, récemment disparu, dont la présence bienveillante semblait flotter sur l’assemblée.
Quant à Ndongo Mbaye, président du jury des prix littéraires du FILID, il a formulé une image forte : « Si le FILID devait représenter une matière, ce serait la philosophie. » Il a exprimé la difficulté, presque douloureuse, de trancher parmi les nombreuses œuvres en compétition : « À contre-cœur, nous avons dû fixer une date butoir et faire des choix parmi tant de livres remarquables. »
Après l’allocution du Dr Ndongo Mbaye, président des jurys littéraires du festival, Salamata Ousmane Diallo a révélé la liste tant attendue des œuvres nominées pour les différents prix de cette édition. Plusieurs auteurs sénégalais ont été distingués dans les sélections officielles :

• Prix Annette Mbaye d’Erneville de Poésie :
Balades en blues sur la Venise du Sud de Khady Fall Faye Diagne
• Prix Roman Racine Senghor :
Danse du démon de Pape Samba Badji
Hold Up : la coupe ou la vie de Oumar El Foutiyou Ba
• Prix International Cheikh Hamidou Kane :
Les Électrons libres de Magueye Touré

La voix de la jeunesse a enfin résonné avec Rabecca Kane, étudiante, qui a partagé son amour des livres à travers une déclamation poétique poignante, témoignant de la vitalité d’une jeune génération engagée et sensible.
Prenant la parole pour un discours de remerciement chargé d’émotion et de gratitude, Abdoulaye Fodé Ndione, directeur du FILID, a évoqué le chemin parcouru depuis le début du festival : « Quatre ans déjà… Une aventure qui prend forme, un lieu d’échanges où se rencontrent auteurs émergents et écrivains aguerris, venus du Sénégal et du monde entier. » Il a également rendu hommage à Alioune Badara Bèye, président du festival, pour son engagement constant au service des lettres. M. Ndione a exprimé sa reconnaissance au Pr Alpha Amadou Sy pour avoir accepté de donner la leçon inaugurale, et a salué le soutien des autorités, notamment du ministère de la Culture et de la Primature.
La leçon inaugurale, moment fort de la soirée, a été magistralement donnée par le Pr Alpha Amadou Sy, dans une adresse où la littérature a été célébrée comme un instrument de pensée critique, d’humanité et de résistance contre l’oubli.
Représentant la ministre de la Culture empêchée, M. Ibrahima Lo, directeur du Livre et de la Promotion de la Lecture, a conclu la cérémonie en soulignant l’importance des subventions du Fonds d’aide à l’édition, tout en mettant en garde contre « l’utilisation excessive et incontrôlée de l’intelligence artificielle dans les productions littéraires. » Il a en outre salué chaleureusement Abdoulaye Fodé Ndione, qu’il a décrit comme « un ami et un homme de lettres engagé », avant de déclarer officiellement ouverte la 4e édition du FILID.