Khadidiatou n’a pas connu une enfance ordinaire. À l’âge tendre de 7 ans, au lieu d’aller à l’école comme la plupart des petites filles, elle a été emmenée chez le “boucher” pour subir l’excision, une mutilation sexuelle qui a marqué le début de son calvaire. On lui a fait croire que cette pratique faisait d’elle une femme, mais elle a vite compris que cela lui avait en réalité ôté sa féminité. Ensuite, à l’âge de 12 ans, elle a été mariée de force à un homme bien plus âgé, privée de son innocence et de son droit à une enfance épanouie.
Cependant, la vie lui a offert une lueur d’espoir lorsqu’elle est arrivée en Belgique dans les années 80. C’est là qu’elle a pris conscience de son handicap, à la fois physique et intellectuel. À 24 ans, elle s’est fixé comme premier objectif d’apprendre à lire et à écrire, convaincue qu’il n’est jamais trop tard pour acquérir des connaissances. Une passion brûlait en elle, une soif de savoir qui lui donnait la force d’avancer. Grâce à ses efforts acharnés, elle a réussi à maîtriser ces compétences fondamentales qui lui ont ouvert un tout nouveau monde. Elle était désormais capable de poser des questions, d’exprimer ses opinions et de ne plus se contenter d’écouter.
Un tournant décisif dans sa quête de vérité s’est produit lorsqu’elle a remis en question la normalité de l’excision. Khadidiatou avait toujours cru que cette pratique était liée à la religion, mais sa curiosité l’a poussée à interroger des religieux de différentes origines. Elle a découvert que l’excision n’était pas une prescription de l’islam, contrairement à ce qu’elle avait toujours pensé. Cette révélation l’a amenée à remettre en question les croyances et les traditions auxquelles elle avait été soumise depuis son enfance. Elle a ensuite interrogé son grand-père, originaire d’Égypte, qui lui a confirmé que l’excision était une coutume ancienne et n’avait aucun fondement religieux.
Forte de ces nouvelles connaissances, Khadidiatou a pris une décision courageuse. Elle est rentrée chez elle, au Sénégal, et a déclaré à son grand-père que désormais, aucun enfant ne naîtrait sous leur toit pour subir cette pratique barbare. Son grand-père lui a souhaité bonne chance, et elle est retournée en Belgique avec une détermination renforcée. Elle a poursuivi ses études, a obtenu son certificat de base et a commencé à écrire un livre puissant intitulé “Mon jardin dévasté”, dans lequel elle raconte son expérience et dénonce l’excision.
Aujourd’hui, Khadidiatou Diallo est devenue une voix forte dans la lutte contre l’excision. En tant que présidente du GAMS Belgique, elle consacre sa vie à sensibiliser le public, à défendre les droits des femmes et à promouvoir l’égalité des genres. Son parcours inspirant est un exemple vivant de résilience, de courage et de détermination face à l’adversité.
Grâce à son travail acharné et à sa volonté inébranlable, Khadidiatou Diallo a ouvert la voie à un changement social et culturel important. Son combat pour l’abolition des mutilations sexuelles a permis de sauver des milliers de jeunes filles de cette pratique dangereuse et inhumaine. Son histoire est une source d’inspiration pour les femmes du monde entier, les encourageant à se lever et à se battre pour leurs droits fondamentaux.
Khadidiatou nous rappelle que chaque voix compte dans la lutte pour l’égalité des droits et la protection des femmes. Son message est clair : il est temps de mettre fin à l’excision et de garantir un avenir meilleur pour les générations à venir. Son histoire est un appel à l’action, un rappel que nous avons tous un rôle à jouer dans la construction d’un monde plus juste et égalitaire.
Khadidiatou Diallo, une femme extraordinaire qui a transformé sa douleur en force, sa vulnérabilité en détermination et sa souffrance en espoir. Son parcours est un témoignage vibrant de résistance et d’espoir, nous rappelant que même dans les situations les plus sombres, la lumière peut émerger lorsque nous choisissons de nous battre pour la justice et l’égalité.