
Un mot qui m’est cher — ceux qui me connaissent le savent. J’aime la nuance, les entre-deux, les interstices. Je me méfie des oppositions trop tranchées : noir ou blanc, bien ou mal. J’ai toujours préféré le gris. Et ce roman, justement, est un roman de la nuance — comme l’a écrit Fary dans la dédicace qu’il m’a offerte.
Il nous rappelle que ceux qu’on admire ne sont pas toujours les êtres exceptionnels qu’on imagine, et que ceux qu’on rejette ou méprise ne sont pas dénués de valeur. Il nous invite à regarder autrement, à suspendre nos jugements, à écouter ce qui se dit dans les silences.
Ce qui m’a particulièrement émue, c’est d’y avoir lu mon surnom : Kadia. Un hasard heureux, puisque ce prénom désigne en réalité la nièce de Fary. Il ne me connaissait pas encore lorsqu’il a écrit ce roman. Nous ne nous sommes rencontrés que bien plus tard. Mais découvrir ce prénom dans ces pages a été pour moi un moment doux, intime, presque magique. Je n’ose imaginer la joie de ses neveux et nièces, voyant leurs noms gravés à jamais dans un livre.
Depuis, Fary est devenu un grand frère pour moi. Je l’appelle affectueusement Grand-Fary — contraction de « grand frère » et de Fary Ndao. Et ce surnom lui va bien. Car même si Ndao, en Wolof, peut signifier « petit », lui, il n’est pas petit. Il fait partie des grandes âmes. Des hommes rares qui donnent sans compter, partagent sans bruit, inspirent sans forcer.
Le jour où il m’a dédicacé ce livre, il m’a aussi offert Silence du Chœur de Mohamed Mbougar Sarr et Un Dieu et des mœurs d’Elgas. C’est vous dire la générosité de l’homme. Nos échanges m’ont nourrie, touchée, et donné le courage de commencer à partager mes propres mots.
Parmi mes passages préférés du roman, il y a cette sublime ode à la littérature. À ce qu’elle révèle, à ce qu’elle élève.
Merci, Grand-Fary.
Pour ce roman.
Dr Khardiata BA
