Par Waly Ba

Ce fut une très mauvaise nouvelle. L’annonce du décès du grand promoteur de la Nouvelle. Dans un pays de tragédies littéraires. Et de « Comédie » culturelle. 

La mort du doyen Mamadou Camara a suscité une consternation rarement égalée, à l’occasion de la disparition d’une personnalité littéraire dans notre pays. Le rappel des qualités humaines exceptionnelles a profondément ému ceux d’entre les acteurs du Livre ayant pris part à la cérémonie de présentation de condoléances, à Yeumbeul, dimanche dernier. Et certains, comme moi, en sont venus à se demander si cet homme, au cœur grand comme le ciel qui nous l’a ravi, n’était pas un de ces prophètes cachés dans la foule pour ne jamais se faire adorer à la hauteur de leur pureté angélique. 

Nous avons appris de la bouche de ses proches et de ceux qui l’ont véritablement connu qu’il n’a jamais rien demandé, lui qui a toujours tout donné, poussant sa générosité légendaire jusqu’à ses limites extrêmes ; usant sciemment sa santé pour que respirent les fils de la Grande Toile littéraire, dont nous sommes tous les bienheureux prisonniers. Le plus touchant c’est d’avoir entendu plusieurs personnalités répéter qu’il ne venait jamais les voir sans leur apporter des sachets de « beignets dougoup ». Il savait bien que ces gens n’avaient pas faim. Mais, pour lui, ce n’était pas ça le plus important. Il agissait pour le symbole. Parce qu’il savait que si l’offre était faite sans la demande, elle revêtait forcément un symbolisme philanthropique autrement plus prégnant. 

Qu’y a-t-il lieu de faire après la disparition d’un esprit aussi utile ? Rien ? Non, il y a bien quelque chose qui peut et DOIT se faire. 

A ce propos, je m’empresse de demander pardon à ceux qui étaient bien plus proches de lui, comme Marouba Fall, Abdoulaye Fodé Ndione et Ndongo Mbaaye. Mais qu’ils me permettent de dire, déjà, que cet homme mérite bien que son nom demeure à jamais dans la Galaxie des Lettres sénégalaises. Et moi, j’ai pensé que la meilleure manière d’agir en l’espèce c’est de s’y prendre collectivement, solidairement, en instituant un Grand Prix Mamadou Camara pour la Nouvelle. Un Grand Prix que toutes les structures au service desquelles il a été de manière désintéressée et inconditionnelle (l’Association des Ecrivains du Sénégal, la Direction du Livre et de la Promotion de la Lecture, le FILID, le Cénacle des jeunes Écrivains, le Collectif Parlons Poésie…), vont solidairement porter. 

Apres la si mauvaise nouvelle, qui nous a tous atterrés, ce serait là la plus belle nouvelle qu’on pourrait adresser au défunt plus grand promoteur de la Nouvelle. 

Et pour que la mayonnaise prenne très vite, j’interpelle directement monsieur Maguèye Touré, lui qui a fini de se distinguer comme un maitre de la nouvelle et sur qui le défunt plaçait tous ses espoirs pour le triomphe de ce genre un peu mal connu et insuffisamment pratiqué chez nous. En tant que Directeur de la Francophonie, je pense qu’il peut donner un extraordinaire coup de fouet à cette idée.