
L’Afrique perd l’un de ses plus grands esprits. Ngũgĩ wa Thiong’o, écrivain, penseur et militant infatigable pour la liberté culturelle des peuples africains, s’est éteint. Il avait consacré toute sa vie à une lutte essentielle : celle de la décolonisation des esprits, des imaginaires et des langues.
Né en 1938 au Kenya, Ngũgĩ wa Thiong’o n’a jamais cessé de croire que la véritable émancipation de l’Afrique passait par la reconquête de sa parole. Il a été l’un des premiers à refuser d’écrire en anglais, optant résolument pour sa langue maternelle, le kikuyu, geste hautement symbolique et politique qu’il considérait comme un acte de résistance face au « linguicide », ce meurtre des langues perpétré par le colonialisme.
Auteur de romans majeurs comme Un grain de blé, Pétales de sang, ou encore Décoloniser l’esprit, Ngũgĩ était bien plus qu’un écrivain. Il était une conscience vivante, un passeur de mémoire, un éclaireur des chemins possibles pour une Afrique debout, digne et souveraine, y compris sur le plan culturel.
Jusqu’à ses derniers jours, il n’a cessé de plaider pour une Afrique libre d’inventer son futur sans renier ses racines. Son combat pour les langues africaines, pour une littérature ancrée dans les réalités du continent, restera une source d’inspiration pour les générations à venir.
Le vent l’a emporté, mais ses mots demeurent. Et plus que jamais, ils nous rappellent cette urgence : désaliéner pour libérer.
Que la terre lui soit légère.