Né le 3 août 1933 à Bignona (Casamance), Cheik Aliou Ndao, écrivain, dramaturge, nouvelliste et romancier, s’inscrit dans la lignée des grands auteurs sénégalais. En tandem avec Abdou Anta Kâ et Thierno Bâ, il inaugure son parcours littéraire avec « Buur Tileen, roi de la Médina ». Sa conviction profonde le pousse à écrire dans sa langue maternelle, le wolof, une démarche qu’il considère comme naturelle et nécessaire.
Dans un univers littéraire singulier, Cheik Aliou Ndao défend ardemment l’idée que chaque individu devrait écrire dans sa langue d’origine. Il souligne l’exemple de nations comme la Chine ou le Japon, où l’écriture dans la langue vernaculaire est la norme. Dès les années 1990, il fait le choix exclusif du wolof pour ses écrits, tout en traduisant lui-même ses œuvres en français, comme en témoigne son ouvrage « Mbaam Dictateur ».
Pour lui, écrire dans sa langue maternelle est un acte d’attachement à sa culture et à son éducation. Ce choix, loin d’être anodin, s’inscrit dans un mouvement plus large de réhabilitation des langues africaines, initié notamment par Cheikh Anta Diop. L’utilisation des caractères latins dans l’écriture des langues africaines, amorcée dans les années 1950, trouve ses racines dans les travaux de ce dernier.
Le travail de Cheik Aliou Ndao s’inscrit également dans une volonté de valoriser les langues nationales, malgré les obstacles psychologiques et politiques persistants. Il appelle à un engagement fort des autorités et de la société pour promouvoir l’usage des langues locales, notamment dans le système éducatif.
Au-delà de son engagement linguistique, Cheik Aliou Ndao explore divers genres littéraires, avec une prédilection pour le théâtre, qu’il considère comme le plus complet. Son ambition est de rétablir une vérité historique et culturelle à travers ses écrits, tout en encourageant l’émergence de nouvelles voix dans les langues nationales du Sénégal.
Malgré les divergences d’opinions, son influence sur la littérature sénégalaise est indéniable, comme en témoigne la création du Prix Cheik Aliou Ndao, qui vise à encourager la production littéraire en langues pulaar et wolof.
Cheik Aliou Ndao incarne un pilier de la littérature sénégalaise, un écrivain engagé qui œuvre pour la reconnaissance et la valorisation des langues africaines dans le paysage littéraire contemporain.