ÉDITORIAL

Créer, Transmettre, Engager : La Littérature comme force vive

Chaque rencontre avec un écrivain est une plongée dans un univers singulier, une exploration des méandres d’une pensée qui se tisse entre mots et engagements. Dans ce nouveau numéro de Sénégal Njaay, nous avons eu le privilège d’échanger avec deux voix qui, chacune à sa manière, font résonner la littérature comme un acte de transmission et de résistance : Mahi Binebine et Salima Sané Kane. 

D’un côté, Mahi Binebine, peintre et romancier marocain, nous rappelle que l’art n’a pas pour seule vocation de séduire, mais aussi d’éveiller, de bousculer. À travers ses romans et ses toiles, il interroge les réalités de son pays, scrute les failles sociales et, surtout, agit. Son engagement dépasse la page écrite : les centres *Les Étoiles*, qu’il a créés pour offrir un avenir aux enfants des quartiers défavorisés, incarnent cette conviction que la culture est une arme contre la fatalité. 

De l’autre, Salima Sané Kane, plume ancrée dans les réalités sénégalaises, nous entraîne dans un univers où la mémoire, les héritages et les identités dialoguent. Par ses écrits, elle interroge les silences de l’Histoire, éclaire les marges, et redonne voix aux invisibles. Son regard, à la fois poétique et incisif, rejoint cette lignée d’auteurs pour qui écrire, c’est aussi prendre position. 

À travers ces deux entretiens, une idée s’impose : la littérature africaine, dans toute sa diversité, n’est pas une simple narration du réel, mais une force motrice, un levier de transformation. Lire, écrire, peindre, raconter : autant d’actes qui, bien loin de l’isolement de la page blanche, construisent des ponts entre générations et continents, entre mémoire et avenir. 

Ce numéro de Sénégal Njaay célèbre ces voix qui osent, qui rêvent, qui bâtissent. Car si les politiques envisagent de construire l’Afrique, ce sont bien les artistes et les écrivains qui lui donnent une âme. 

PAPA BABA DIOME