
Arame Fall Diop, née en 1936 dans la région de Saint-Louis, incarne l’engagement scientifique et culturel en faveur des langues nationales du Sénégal. Linguiste de formation, elle a consacré sa carrière à leur promotion et à leur vulgarisation, contribuant ainsi de manière décisive à la reconnaissance et à la valorisation du patrimoine linguistique du pays.
Après l’obtention d’un Diplôme d’Études Supérieures (DES) en linguistique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Arame Fall Diop intègre en 1967 l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN), une institution de référence dans la recherche sur les cultures et langues africaines. Elle y développe des recherches approfondies sur les langues nationales sénégalaises, contribuant ainsi à enrichir un domaine encore peu exploré à l’époque.
En 1973, elle soutient à l’Université de Paris III une thèse de troisième cycle intitulée *Les nominaux en « sereersiin »*, marquant ainsi sa spécialisation dans l’étude du sereer, l’une des principales langues du Sénégal. Son expertise et son dévouement la conduisent à occuper, jusqu’en 2002, le poste de cheffe du département linguistique de l’IFAN, où elle joue un rôle clé dans la formation des jeunes chercheurs et la mise en œuvre de programmes dédiés aux langues africaines.
Membre fondatrice de l’Organisation Sénégalaise d’Appui au Développement (OSAD), une ONG engagée dans l’éducation et l’alphabétisation en langues nationales, Arame Fall Diop a supervisé la publication de nombreux manuels didactiques. L’OSAD a notamment contribué à la parution de documents essentiels dans divers domaines : lecture, écriture, mathématiques, informatique et santé.
Sous son impulsion, l’OSAD a également participé à la publication d’œuvres littéraires en langues nationales, contribuant ainsi à l’émergence d’une littérature accessible aux locuteurs non francophones. Parmi les ouvrages marquants figurent Aawo bi de Mame Younousse Dieng (1999), la traduction en wolof de la Constitution du Sénégal et du Code des marchés publics.
Son engagement s’est également manifesté à travers son appartenance à l’Union Sénégalaise des Écrivains en Langues Nationales (USELN), une organisation qui milite pour la reconnaissance des langues africaines comme vecteurs de transmission du savoir et de la culture.
Arame Fall Diop laisse derrière elle un legs intellectuel considérable. Parmi ses publications les plus influentes, on retrouve :
– Dictionnaire Wolof-Français (1990), coécrit avec Rosine Santos et Jean Léonce Doneux, premier dictionnaire bilingue de référence entre le wolof et le français.
– Bataaxal bu gudde nii (2016), traduction en wolof du roman Une si longue lettre de Mariama Bâ, réalisée en collaboration avec Mame Younousse Dieng, publiée aux éditions Zulma dans la collection Ceytu.
– Ndeyu àtte Republigu Senegaal, traduction en wolof de la Constitution du Sénégal, en collaboration avec Ahmeth Diouf, initialement parue en 1963 puis rééditée en 2001 et 2010.
Sœur de l’écrivaine Aminata Sow Fall, Arame Fall Diop s’est imposée comme une figure incontournable du paysage linguistique et culturel sénégalais. Son travail a non seulement renforcé la place des langues nationales dans le système éducatif et institutionnel, mais il a aussi ouvert la voie à une nouvelle génération de chercheurs et d’écrivains engagés dans la valorisation des langues africaines.
Son combat pour la reconnaissance des langues nationales continue d’inspirer, et son œuvre demeure une référence pour tous ceux qui aspirent à une meilleure prise en compte des réalités linguistiques du Sénégal.