Le roman « Furia » de Mamadou Mahmoud N’Dongo, à paraître le 27 septembre 2024 aux éditions L’Harmattan dans la collection Écritures, s’annonce comme une immersion captivante dans le monde d’Hollywood, à travers la plume d’un cinéaste culte, Seymour Morrison. Le choix de N’Dongo de dépeindre cet univers, où se mêlent gloire et décadence, semble taillé pour sa narration ciselée et subtile.

Le récit suit Morrison, une figure légendaire du cinéma américain qui a travaillé avec des géants comme John Cassavetes, et a été honoré de prestigieuses récompenses telles que l’Oscar et la Palme d’or. À l’aube de sa carrière, il se lance dans la rédaction de ses mémoires, assisté par un nègre littéraire, un choix qui permet à l’auteur d’explorer avec finesse l’intimité d’une figure publique, le voile entre le personnage public et l’individu privé.

L’histoire tourne autour d’Eva Linder, scénariste et ancienne dealeuse, muse et amour perdu de Seymour. À travers elle, c’est tout un pan de la vie du cinéaste qui se dévoile, un retour nostalgique et douloureux sur une relation qui a façonné son art et sa vie. Eva devient alors un symbole à la fois de création et de perte, ajoutant une profondeur émotionnelle au roman.

Furia ne se contente pas de raconter une histoire d’amour et de cinéma, il évoque également les rouages d’Hollywood, un lieu où les artistes sont souvent dévorés par l’industrie, un thème récurrent chez N’Dongo. Le ton ironique et lucide du narrateur, combiné à une critique subtile du système hollywoodien, place ce roman dans une tradition littéraire qui interroge les limites de la création et les sacrifices qu’elle impose.

En choisissant un protagoniste cultivé et cynique, N’Dongo nous offre une réflexion sur l’industrie cinématographique, la nature des relations humaines dans un milieu où tout est en jeu, et où la singularité peut être autant un atout qu’un fardeau. Le passage sur son projet d’adaptation du « Festin nu » de William Burroughs – jamais abouti – illustre bien cette ambivalence de l’artiste face à une industrie où la créativité peut être à la fois célébrée et muselée.

Furia promet ainsi une exploration brillante et nuancée de la mémoire, de l’amour et de la création artistique, dans un style à la fois lucide et empreint d’humour, caractéristique de Mamadou Mahmoud N’Dongo.