
Avec « Le Désastre de la maison des notables », Amira Ghenim dévoile une saga familiale émaillée de silences, où se tisse une histoire complexe de la Tunisie contemporaine, à l’intersection du témoignage politique et de la quête intime.
Le Désastre de la maison des notables a été salué pour sa portée historique et son souffle romanesque, et a reçu le Prix de la littérature arabe en 2024, décerné par l’Institut du monde arabe. Il s’agit de son deuxième roman, et le premier à avoir été traduit en français, sous la plume de Souad Labbize, marquant une étape importante dans sa carrière internationale.
Un roman choral pour retracer l’histoire de la Tunisie
Ce roman plonge le lecteur dans l’histoire complexe de la Tunisie contemporaine à travers les destins entrecroisés de deux familles tunisiennes. L’une est progressiste, l’autre conservatrice, et toutes deux sont frappées par un scandale bouleversant leur équilibre. Amira Ghenim s’empare de l’histoire nationale, de la lutte pour l’indépendance à la révolution de 2011, tout en mettant en lumière des thèmes essentiels comme les droits des femmes et les tensions idéologiques au sein de la société. Comme elle le déclare : »Les femmes tunisiennes ont toujours été très très fortes, même si elles se mettent au deuxième plan, en réalité elles ont beaucoup de ficelles entre les doigts. » À travers son récit, elle interroge la place de la femme et ses luttes, tout en conservant des zones d’ombres autour de ses personnages. Ce roman vient également réhabiliter la figure oubliée de Tahar Haddad, penseur et syndicaliste tunisien, qui se battait pour les droits des femmes bien avant l’heure, notamment dans son ouvrage Notre femme dans la législation islamique et la société.
Une écrivaine au cœur de son époque
Née en 1978 à Sousse, Amira Ghenim est à la fois agrégée d’arabe, docteure en linguistique, et professeure à l’Université de Sousse. Son parcours académique nourrit ses écrits, où elle mêle rigueur intellectuelle et passion pour la littérature. Avec des ouvrages comme Le Dossier jaune (2019) et Terre ardente (2024), elle s’impose comme une voix incontournable de la littérature tunisienne. Elle écrit actuellement son quatrième roman.
« Khamsa » : une passerelle littéraire entre les deux rives de la méditerranée
C’est à l’automne 2020, pendant le deuxième confinement, lors d’une réunion de travail en visioconférence entre Alger et Paris, que Philippe Rey et Sofiane Hadjadj ont imaginé la collection « Khamsa », un projet ambitieux destiné à rapprocher l’Algérie et la France autour d’une même passion pour la littérature contemporaine. L’objectif était de mettre en lumière la richesse littéraire des pays du Maghreb, en publiant des œuvres littéraires arabophones traduites en français. Cette collaboration entre les Éditions Philippe Rey et Barzakh vise à faire découvrir des voix nouvelles, souvent méconnues, des pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Libye, Maroc, Mauritanie), en mettant l’accent sur les écrivains arabophones.
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