L’émission Impressions de Sada Kane sur la 2STV a récemment offert une discussion captivante autour du roman Le dernier des Arts de Fary Ndao, une œuvre qui explore les arcanes de la politique avec une profondeur singulière. L’auteur, également ingénieur et intellectuel engagé, a livré un échange révélateur sur ses motivations et ses interrogations quant à un éventuel engagement politique. 

Lorsque Sada Kane l’interroge sur une phrase clé du livre – « c’est une affaire de tripes et de cœur » –, Fary Ndao ne cache pas son attrait pour l’action politique. Il voit l’écriture de ce roman comme une prolongation de ses questionnements : « Est-ce que cette cause te fera oublier qui tu es, si tu t’y engages ? Est-ce que ça vaut le coup ? Est-ce que tu ne risques pas de t’y perdre ? » Ces doutes, il les assume, mais ils n’altèrent en rien sa volonté de servir ses compatriotes « au plus haut niveau« . 

Face à cette déclaration, Sada Kane exprime une crainte légitime : « Pourvu qu’on ne perde pas un écrivain de talent. » Une inquiétude aussitôt partagée par Aminata Fall, critique littéraire et invitée de l’émission, qui ajoute avec conviction : « J’avoue que je préfère les écrivains aux hommes politiques. »

Cet échange soulève une question cruciale : la littérature et la politique sont-elles compatibles, ou l’une finit-elle par dévorer l’autre ? Si l’histoire a connu des écrivains devenus des hommes d’État – de Senghor à Vaclav Havel –, la crainte de voir un talent littéraire se diluer dans les exigences du pouvoir reste présente. Fary Ndao, par son engagement et la qualité de son écriture, incarne cette tension entre réflexion et action, entre plume et tribune. 

Reste à savoir quel chemin il choisira, et si Le dernier des Arts sera le prélude d’un engagement plus concret ou le témoin d’une bataille intérieure entre la littérature et la politique.

Babacar Korjo Ndiaye