
Pour la première fois depuis 1993, le Festival du livre de Paris retrouve son écrin originel. Sous la verrière du Grand Palais, une centaine de stands se sont installés, dont le Pavillon du Maroc.
Pour la deuxième fois, le Maroc affiche sa présence au Festival du livre comme invité d’honneur. L’annonce a été faite par Rachida Dati, lors d’une conférence de presse au ministère de la Culture, le 13 février. « Je suis très heureuse, évidemment, très honorée que le Festival du livre de Paris ait choisi cette année le Maroc comme invité d’honneur », a déclaré la ministre, elle-même franco-marocaine.
Dès aujourd’hui et jusqu’au dimanche 13 avril, le public français pourra aller à la rencontre d’une centaine d’auteurs et autrices marocains, huit ans après la première invitation du Maroc au festival, qui s’appelait encore salon. Depuis 2017, la scène littéraire du royaume est en profonde mutation et le Maroc affiche son ambition de s’établir comme « hub éditorial africain », selon l’ambassadrice Samira Sitaïl.
À cette occasion, focus sur trois figures emblématiques de la littérature marocaine : Leïla Slimani, Abdellah Taïa et Rim Battal.
Leïla Slimani, écrivaine à succès et symbole de la francophonie
Ces dernières années, l’autrice est devenue un incontournable de la scène littéraire en France et au Maroc, ses deux pays. En 2017, lors de la première invitation du Maroc au salon Livre Paris, l’autrice vient tout juste de remporter le prix Goncourt pour son best-seller Chanson douce, un ouvrage entre fiction et réalité basé sur un fait divers survenu à New York. Figure d’émancipation et de progressisme, Leïla Slimani est désormais une écrivaine confirmée, autrice d’une douzaine de romans plébiscités par la critique.
Publié au début de l’année 2025, son dernier ouvrage J’emporterai le feu clôture une fresque familiale des deux côtés de la Méditerranée, entamée en 2020. Kamel Daoud dit de son amie : « Leïla écrit à égalité avec l’Occident. Il n’y a aucun auto-exotisme dans ses romans. » Symbole de la francophonie, Leïla Slimani revendique cette identité duale lors de ses prises de position politiques. Un engagement qui la mène aux portes du ministère de la Culture, dont elle décline le poste de ministre.
Événements lors du Festival du livre de Paris :
- Rencontre « Des destins au cœur de l’histoire » avec Leïla Slimani et Miguel Bonnefoy au Grand Palais, à Paris, le 11 avril, à midi.
- Rencontre avec Leïla Slimani au Grand Palais, à Paris, le 12 avril, à 10h30.
Abdellah Taïa, voix des oubliés de la société marocaine
Abdellah Taïa est né en 1973 à Salé, au Maroc, c’est dans cette même ville que se déroule son dernier livre : Le Bastion des larmes (Julliard, 2024). Cet auteur d’un milieu modeste est récompensé par le prix de Flore en 2010 pour Le Jour du roi (Seuil) et du prix Décembre pour ce dernier ouvrage. Avec Rachid O., il est l’une des rares personnalités marocaines à faire publiquement son coming out. En juin 2007, Abdellah Taïa fait sensation en une du magazine marocain TelQuel sous le titre : « Homosexuel, envers et contre tous ».
La vie de l’auteur transparaît dans ses livres où figure son éveil à la sexualité, sa ville natale Salé ainsi que des personnages inspirés par sa famille. Abdellah Taïa écrit en français, une langue qu’il a apprise sur le tard, puis pratiquée lors de ses études. Écrivain engagé, il s’adresse autant à la société marocaine (Lettres à un jeune marocain, Seuil, 2009) qu’à celle de France où il signe régulièrement des tribunes engagées dans Le Monde et Libération.
Événements lors du Festival du livre de Paris :
- Rencontre « S’autoriser à être soi » avec Abdellah Taïa, Éric Chacour et Souleiman Berrada au Grand Palais, à Paris, le 12 avril, à 14h.
Rim Battal, primo-romancière féministe et poétesse moderne
Rim Battal connaît le succès grâce à ses recueils de poésie. Son œuvre, engagée et moderne, séduit les maisons d’édition françaises en quête de jeunes talents. Elle publie son premier recueil de poésie Vingt poèmes et des poussières en 2015, puis viennent Latex (2017) et Transport commun (2019) aux éditions LansKine. Avec une écriture directe et intime, Rim Battal devient rapidement un symbole de la jeune génération de poètes marocains.
Son premier roman est dans la même veine que ses poèmes. Je me regarderai dans les yeux (Bayard, 2025) fait le récit intime et politique des corps féminins. Entre Paris et Marrakech, Rim Battal multiplie les performances littéraires lors de festivals ou de lectures de poésie.
Article rédigé par Zoé Ayad
France Télévisions – Rédaction Culture