FESTIVAL INTERNATIONAL DU LIVRE ET DES ARTS ASSIMILÉS DU BÉNIN

LA LITTÉRATURE D’ENFANCE ET DE JEUNESSE À UNE PLACE DE CHOIX PENDANT LA TROISIÈME ÉDITION DU FILAB

La représentation la plus courante que les adultes cultivés se font de la littérature d’enfance et de jeunesse est liée à sa mission sociale d’auxiliaire éducatif. Il n’y a là rien d’infondé. Les premiers écrivains pour enfants furent largement des précepteurs et des enseignants ayant pris la plume à l’intention de leurs élèves ; leurs écrits étaient pensés comme un matériau pédagogique.
Mais réduire la littérature d’enfance et de jeunesse à la mission que la société lui assigne, c’est courir le risque d’être aveugle à son autre versant, à ce qu’elle peut comporter d’invention littéraire et artistique. On risque de passer à côté de ce qui pourrait constituer les fondements de sa singularité esthétique, encore qu’il me faille préciser que cette singularité me semble plus évidente dans la littérature d’enfance que dans la littérature de jeunesse.

L’enfant « entre en littérature » par l’écoute, par la vue, puis par la lecture. Un tout-petit est endormi par une berceuse. Plus âgé, il apprend des chansons et des comptines,   
C’est cette double compétence artistique qui a contribué à faire naître au sein des albums pour enfants ce que nous appelons aujourd’hui des albums iconotextuels, c’est-à-dire des albums dont les effets de sens reposent de manière insécable sur l’interaction du texte, de l’image et du support. Le simple fait de rééditer dans un format différent dégrade l’œuvre. Où se nichent la richesse et la complexité de ces petits livres ? Ni dans le seul texte, ni dans les seules images, mais dans l’entrelacs de l’invention verbale et de l’invention graphique au sein d’un espace-livre. C’est ce jeu de relations intersémiotiques qui explique qu’en dépit de leur brièveté et de leur apparente simplicité, certains albums puissent se révéler d’une remarquable richesse.

L’album iconotextuel est le seul genre que l’on peut tenir pour une création pleine et entière de la littérature d’enfance, tant celle-ci a su le mener à un degré d’élaboration artistique sans équivalence avec ce qu’il a pu connaître sous la restauration dans la culture adulte. Le plus souvent destiné aux jeunes enfants, il est écrit (du moins, devrait-il l’être) de manière à pouvoir être lu à voix haute. De tous les genres que pratique la littérature d’enfance et de jeunesse, c’est lui qui unit le plus intimement les trois vecteurs que j’ai mis en avant : l’oral, l’image et l’écrit. Il réalise pleinement le programme « écouter, regarder, lire ».

LE FILAB, LE CARREFOUR DE LA DIVERSITÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE.