
Parmi les flamboiements littéraires du continent, la parole conteuse d’un fils du Sénégal vient d’embraser le ciel culturel du Gabon, rappelant à tous la force vive de nos traditions orales transmises à l’encre vive des mots.

À Libreville, capitale gabonaise devenue pour quelques jours l’épicentre de la créativité africaine, la quatrième édition du Festival International du Livre Gabonais et des Arts (FILIGA) 2025 s’est achevée sur une note d’émotion, de reconnaissance et d’hommage. Parmi les lauréats honorés dans les différentes disciplines littéraires, Idrissa Sow Gorkoodio, écrivain sénégalais à la plume enracinée et au verbe visionnaire, s’est distingué en recevant le Prix FILIGA du Conte 2025 pour son œuvre « La Conteuse Maamabobo, de la natte à l’écran ».
Dans un geste empreint de fraternité et d’unité panafricaine, c’est la sœur gabonaise Mère Rose Nfono Menie qui a reçu en personne le trophée et le prix, au nom de l’écrivain sénégalais, saluant la puissance de son imaginaire et la résonance de sa voix narrative. Ce moment solennel fut aussi l’occasion, pour Idrissa Sow Gorkoodio, de dédier son prix à la mémoire de Mamadou Caster Camara, nouvelliste et critique littéraire engagé, figure panafricaniste majeure, « rappelé à Dieu mais vivant dans nos cœurs gorgés d’admiration et de reconnaissance ».

L’œuvre primée, La Conteuse Maamabobo, de la natte à l’écran, déploie avec subtilité les tensions entre tradition et modernité, autour d’une figure féminine qui incarne la transmission orale dans toute sa richesse et sa vitalité. De la natte, lieu sacré du verbe ancestral, à l’écran, miroir contemporain des imaginaires en mutation, Maamabobo traverse les temps et les formes, reliant les mémoires communautaires à l’avenir numérique de la parole africaine.


Ce prix s’inscrit dans une édition du FILIGA 2025 marquée par une excellence littéraire foisonnante. Le concours a distingué des plumes gabonaises prometteuses telles que Patrick Mbonguila Mukinzitsi, lauréat du Prix du Roman pour Les Anges Perdus, Jean-Aimé Mombo Ikapi pour le Prix de Poésie avec Afrique revêtue d’une pelisse infâme, ou encore Helena Ophelia Denitrick Baguissi Nzamba, récompensée pour sa nouvelle Tsenguê. Le Prix de Théâtre a été décerné à Lydie Stéphanie Mamiaka pour Neuilly Sur Kin, tandis que le Prix de la Bande Dessinée est revenu à Jeff Ikapi pour Dibadi-Renaissance.
Le jury, composé de douze éminents universitaires et critiques littéraires venus du Gabon, du Cameroun, du Tchad, du Burkina Faso, du Canada et de la Côte d’Ivoire, a salué le niveau d’exigence artistique et la diversité des voix africaines portées par ce concours d’envergure.
En honorant Idrissa Sow Gorkoodio, le FILIGA ne couronne pas seulement un écrivain. Il célèbre la force de la tradition orale africaine, la transmission des valeurs à travers l’art du récit, et l’africanité créatrice comme flambeau d’un avenir en pleine conscience de son passé. Une victoire sénégalaise, certes, mais surtout une victoire de l’Afrique littéraire, multiple, enracinée, solidaire.
