«Le plus beau poème publié en 2025 en Côte d’Ivoire». C’est ainsi qu’Érick Digbé décrit « Jours d’après déluge », son tout premier ouvrage sorti dans le mois de mai de cette année. Lorsqu’il s’agit de parler de son œuvre sur les réseaux sociaux, dans les médias ou lors de rencontres et de débats littéraires, Érick surprend par l’assurance qu’il exprime à propos de son travail. Il le fait avec une confiance désarmante, sans la moindre doute en son talent de poète.

Correcteur de texte, critique littéraire et poète, Érick a accordé un entretien à CultureNoushi autour de son texte, son style et cette confiance en soi qu’il manifeste. Dans cette interview, l’auteur laisse transparaître dans ses propos à l’égard de son long poème, de sa carrière de poète et de sa vision de la littérature une maturité qu’il a acquise au fil du temps dans le monde des lettres. En attendant la vidéo de l’interview voici un extrait.

Qu’est-ce qui vous fait parler de votre poésie avec un excès de confiance sur les réseaux sociaux, pourtant c’est votre premier ouvrage ?

Est-ce que moi, j’ai parlé de ma poésie sur les réseaux sociaux avec un excès de confiance ? Je pense plutôt que ce sont les lecteurs qui, en lisant mon poème, ont réussi à entrer dans l’univers que je leur ai proposé et qui ont beaucoup aimé. Alors, ce qu’il faut faire, c’est écrire et avoir confiance. Parce que j’ai pris le temps d’écrire, parce que j’ai été patient, parce que, sûrement, j’ai rencontré un bon éditeur, j’ai fait un travail éditorial remarquable, et je pense que mon livre est à la hauteur. Dieu merci, jusque-là, il y a de bons lecteurs que je connais et que j’admire, qui ont donné un avis assez intéressant. Donc, que je ne parle pas avec un excès de confiance de mon poème : je pense plutôt — je le redis — que ce sont les gens qui ont lu et qui ont très bien aimé, d’ailleurs.

Quel est la particularité du style de votre poème ?

La particularité, c’est aux lecteurs de me le dire. Le style, déjà, c’est du néo-oraliste. L’oralité est le fondement, le support, ou tout ce qui va, je vais dire, de notre poésie. On connaît tous le grand poème Zakwato d’Azo Vauguy, qui est comme le premier à écrire un poème néo-oraliste, c’est-à-dire s’inspirer de tout ce que notre tradition orale offre, puis recréer. Ma particularité ? Je ne sais pas, mais je pense que j’essaie d’ouvrir de nouveaux rivages, de créer de nouveaux espaces. Parce que j’ai lu beaucoup de poèmes qui s’inscrivent dans cette mouvance-là, je pense que les gens n’arrivent pas à prendre le matériau traditionnel et le recréer. C’est-à-dire que les gens prennent le produit brut et le transposent sans aucune innovation. Et je crois que mon poème, c’était justement ça le travail : étrangéiser le langage ordinaire, c’est ce qui fait la poésie. Donc j’ai ajouté, peut-être, une nouvelle pierre à tout ce qu’on a lu jusque-là, et je crois que je suis arrivé jusqu’où je voulais.

CultureNoushi