Cette première embarcation dans le fleuve tumultueux de la poésie, nous montre Djibril DIÈNE comme un chantre de l’amour. D’ailleurs depuis la nuit des temps, quel artiste, quel philosophe, n’ont pas été fouettés par les cris du cœur ?
A travers ces vers qui puisent leur quintessence à la source des émotions propres à l’humain, le poète exprime sa foi ferme à l’union et à l’harmonie des cœurs. Cependant son trop plein d’émois se heurte à la discorde, la félonie ou tout simplement à la bêtise humaine.
Étant conscient que sa quête du paradis perdu n’est pas de la cerise sur le gâteau, il accepte alors de faire face à ses dards, dont le « venin » laisse des empreintes profondes dans la chair et dans l’âme.
C’est pourquoi parfois, s’éloignant des sentiers battus de l’amour, le poète interroge aussi le jour et la nuit, les choses et les êtres, afin de mieux échapper à ses multiples prisons.
C’est pourquoi le recueil peut se diviser en trois segments. Car par-delà la quête effrénée de l’amour, le poète parle aussi de sa fascination pour les terroirs, qu’il a visités. A cela s’ajoutent les cris intempestifs de son être déchiré par tant de contrastes existentiels.
Trouvant parfois la versification assez fragile pour dire sa pensée profonde, Djibril se saisit de la prose, pour faire saisir au vol, une sentence ou tout bonnement une philosophie intrinsèque à ses abnégations.
Le recueil est pareil à des notes de guitare. Tantôt le rythme des sons est aussi doux que la brise du matin. Tantôt les notes montent, descendent, en un rythme langoureux, farouche, pleines de fiel.
N’est- ce pas pour cela qu’on dise que la poésie est un « métalangage  » et n’a point besoin d’être explicitée ? C’est par le pouvoir du « Sentir » seulement que le poète cherche à sortir lui-même des ténèbres, pour goûter au puissant feu du Soleil.
Bref, l’Éden qu’invoque Djibril est bel et bien de ce bas-monde. Et comme telle, elle est truffée d’épines, de morsures, laissant des cicatrices indélébiles dans la chair et dans l’âme.
Puisque c’est un premier voyage dans la galaxie des mots et des émotions, espérons qu’un second recueil de l’auteur, naîtra avec un souffle nouveau de quiétude, d’une Éden sans dards.

Thiès, le 29 mai 2024
Mamadou Lamine SANOKHO
Poète – Écrivain (membre de l’association des écrivains du Sénégal)