Dans le contexte tumultueux de l’Afrique coloniale des années 1940, Ousmane Sembène, une figure emblématique de la littérature africaine, nous plongeons au cœur de la grève des cheminots de la ligne Dakar-Niger, qui a secoué la région en 1947-1948. Son roman « Les Bouts de bois de Dieu », publié en 1960, transcende le simple récit historique pour devenir une fresque humaine vibrante, une symphonie de voix qui anime l’épopée collective de

Sembène, ancien docker imprégné des réalités du terrain, tisse une trame narrative dense et captivante, où chaque personnage exprime les espoirs, les frustrations et les luttes d’une génération sacrifiée. Fa Keita, ancien tirailleur sénégalais devenu cheminot, incarne la résistance face à l’oppression coloniale. Sa femme, N’Deye Touti, figure matriarcale stoïque, symbolise la force et la résilience des femmes face aux épreuves

Le récit abandonne une structure linéaire pour adopter une forme chorale, où les voix des protagonistes s’entrelacent et se superposent. Ainsi, les injustices quotidiennes subies par les travailleurs africains se dévoilent : humiliations, salaires de misère et conditions de travail inhumaines. Mais c’est aussi l’histoire d’une prise de conscience collective, d’une solidarité trans

Sembène ne se contente pas de dénoncer les abus du système colonial. Il est célèbre pour la richesse de la culture africaine, la beauté des paysages et la force des traditions. La langue, imagée et poétique, restitue la musicalité des discours locaux et la chaleur des échanges entre les personnages

« Les Bouts de bois de Dieu » dépasse le cadre du roman historique pour devenir un témoignage poignant de la lutte pour la liberté et l’égalité. Un cri de ralliement contre l’injustice et une ode à la dignité humaine qui résonne encore