Par Amadou Bal BA

Une maison, «Mansa : Maison des Mondes Africains» a été ouverte, le samedi 4 octobre 2025, au 26 rue Jacques-Louvel Teissier, métro Goncourt, chez notre amie, Mme Alexandra CORDEBARD, maire du Xe arrondissement. Cette Maison Mansa est un clin d’œil à l’empereur du Mali, Mansa Moussa (1312-1337) converti à l’Islam, après son pèlerinage, en 1324, à la Mecque, couvert d’or, ce qui avait déclenché une course de la colonisation sur l’Afrique. Mansa Moussa ramena avec lui des savants de La Mecque, pour ouvrir une université à Tombouctou et construire des mosquées, maintenant classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Dès qu’on réclame une Maison d’Afrique à Paris, pour la promotion du bien-vivre ensemble, cela soulève des réactions épidermiques et polémiques d’un autre temps. Cette Maison d’Afrique qui devait être hébergée à l’hôtel de la Monnaie, après des batailles fratricides, a fini donc par atterrir dans le Xe arrondissement. Le RN a accusé le gouvernement d’entreprendre «une destruction culturelle de la France, en cédant aux sirènes de la repentance». Et pourtant, Paris est la capitale culturelle de l’Afrique, depuis les années 20, notamment avec Joséphine BAKER, première artiste noire de dimension planétaire, mais aussi de grands écrivains afro-américains fuyant la ségrégation raciale (Les sœurs NARDAL, Maryse CONDé, James BALDWIN, Richard WRIGHT, Chester HIMES, Ta-Nehesi COATES). Paris où cohabitent plus de 116 nationalités, est largement «un Paris Noir» et le Centre Pompidou s’en est fait l’écho.

Ce n’est pas donc la gauche, au pouvoir depuis 2001, qui est à la base de cette Maison des Mondes Africains, que j’ai réclamée, vainement, depuis de nombreuses années, sans être entendu. En fait, l’initiative vient du savant philosophe et ami, le professeur Achille MBEMBE, un proche du Chef de l’Etat qui lui avait soufflé cette idée d’abord, en 2017, au sommet de Ouagadougou, en puis, en 2021, en maître des cérémonies, au sommet Afrique-France, de Montpellier. «L’idée est de redonner une chance à la France à un moment où elle est chahutée en Afrique et paie les errements des gouvernements successifs», dit le professeur Achille M’BEMBé.
Si la Fondation de la Mémoire de l’esclavage est dirigée par Jean-Marc AYRAULT, ancien premier ministre et maire de Nantes, et curieusement l’Institut du Monde arabe, par Jacques LANG, en revanche, c’est Liz GOMIS une Française Afrodescendante, originaire de la Guinée-Bissau, journaliste, réalisatrice, intervenante à Sciences politiques, une proche du président Emmanuel MACRON, à travers le Commissariat général de la Saison Africa 20é qui dirige «Mansa : Maison des Mondes Africains» depuis le 4 octobre 2025, un projet culturel, la recherche de «l’Africanité française».  En effet, pour elle, «Des voix plurielles méritent de se plonger dans les archives de l’INA, pour raconter des récits différents, loin de ce que nous racontent les médias», dit Liz GOMIS. «Il est essentiel d’avoir à Paris un lieu pour parler des mondes africains au sens large, notamment via les diasporas, et contrer l’angle mort qui existe actuellement en France sur la création contemporaine africaine, qui foisonne partout ailleurs.», dit Liz GOMIS, Directrice générale.

Quelles orientations et marges de manœuvre données à cette Mansa, Maison des Mondes Africains ?

C’est une structure orientée vers le bien-vivre ensemble «Cette volonté était aussi liée à une conviction : la culture doit jouer un rôle central dans ce renouvellement, à la fois par sa capacité à porter un regard neuf et apaisé sur le passé ; et par sa capacité à nous projeter ensemble vers l’invention d’un avenir commun» dit Mme Rachida DATI, le 4 octobre 2025, dans son discours d’inauguration de la Mansa, Maison des Mondes Africains. En particulier, c’est une structure culturelle avec trois objectifs qui lui sont assignés. «C’est d’abord un lieu : hybride et pluridisciplinaire, ouvert à toutes et tous. Un espace où les disciplines se croisent, où la diversité des regards nourrit la création et le débat. C’est ensuite un média : qui informe, diffuse et partage. Un média qui met en lumière la richesse des cultures africaines et afrodescendantes, qui en accompagne la visibilité et la reconnaissance dans l’espace public et dans les imaginaires collectifs. C’est enfin un réseau, à travers un écosystème mondial de partenaires, de passeurs et de créateurs, qui donne toute son ampleur au projet. Je veux saluer les musées et institutions qui sont nos partenaires naturels dans cette ambition : le Quai Branly, le musée de l’Homme, le Palais de la Porte Dorée, le Théâtre MC-93» dit Mme Rachida DATI.
Conçu comme laboratoire vivant, où artistes et chercheurs inventent ensemble de nouvelles formes de création et de compréhension ; une maison ouverte à toutes les disciplines, toutes les générations, c’est l’artiste, Roxane MBANGA, qui a ouvert le bal, avec une exposition du 4 au 26 octobre 2025.

Quelles brèves remarques ?

Cette structure, qui a pour noble ambition la promotion, la transmission et la valorisation des cultures contemporaines et afrodiasporiques, financée par l’Etat, aura-t-elle suffisamment de marges de manœuvre, sans casser le thermomètre pour réaliser ces objectifs ? Ces valises posées à l’entrée de Mansa, signifieraient-elles la fin d’un long et pénible voyage, ou le début d’un grand combat pour la dignité et le bien-vivre ensemble, dans le respect mutuel ?

En 2017, j’avais applaudi à tout rompre la vaste et grande promotion de députés et de Ministres afrodescendants dans les équipes du président Emmanuel. Il n’en reste plus aucun. Ils sont tous partis, sous la huée des fachos. Ce combat pour la justice ne dépend pas seulement que des gouvernants, mais aussi aux racisés s’ils respectent et savent se faire respecter.

L’accompagnement dans les projets de vie, la parentalité, la conquête des lieux de décisions économiques et politiques, reste à construire. Ce sont là des enjeux majeurs, pour réussir le bien-vivre ensemble, et qui ont été mis de côté.

N.B. Article en cours de rédaction.


Paris, le 5 octobre 2025, par Amadou Bal BA