
Romancière reconnue, fonctionnaire chevronnée, et voix littéraire singulière, Marème Soda NDOYE LÔ est devenue une figure incontournable dans le paysage littéraire sénégalais. Son premier roman, Un homme infidèle et parfait, est rapidement devenu un best-seller national, porté par une écriture fluide, sincère et intensément humaine. Son second ouvrage, Légitime imposture, est venu confirmer, avec maîtrise, la profondeur de sa vision narrative et l’acuité de son regard sur les failles sociales et les fragilités intimes.
Panéliste lors de la célébration de la Journée mondiale du Livre et du Droit d’Auteur organisée au Centre G-Hip Hop de Guédiawaye, l’autrice a partagé un témoignage émouvant et lumineux sur son parcours d’écrivaine, les défis du processus créatif et surtout, les influences littéraires qui ont nourri son imaginaire.
« C’est une pluie de mots qui enrichit le vocabulaire, une avalanche d’informations qui alimente la connaissance, mais c’est aussi une pléthore de voyages qui renforce l’expérience », a-t-elle lancé, avec cette éloquence tranquille qui la caractérise.
Sa passion pour la lecture, véritable socle de son écriture, l’a accompagnée dès l’enfance. À travers les pages des grands auteurs, elle a sillonné des mondes, vécu mille vies, et forgé peu à peu une voix à la fois poétique et lucide. Alexandre Dumas l’a initiée à l’aventure avec Le Comte de Monte-Cristo, la propulsant dans les tourbillons de l’Europe napoléonienne, aux côtés d’un Edmond Dantès résilient et vengeur. Ce roman fondateur a instillé en elle le goût du romanesque et de la construction haletante.
Mais c’est dans les œuvres d’autrices africaines que Marème Soda NDOYE LÔ a trouvé l’écho le plus intime à sa propre condition, à ses préoccupations de femme, de citoyenne, de penseuse. Mariama Bâ, avec Une si longue lettre, lui a tendu un miroir lucide sur les injonctions sociales et les violences invisibles que subissent les femmes dans les sociétés patriarcales. « Elle m’a réveillée », dit-elle, soulignant l’impact décisif de cette lecture sur sa conscience féminine.
Quant à Aminata Sow Fall, figure tutélaire des lettres sénégalaises, elle lui a transmis une sensibilité aiguë à la dignité humaine et à la quête de reconnaissance. Une influence que l’on devine dans la finesse psychologique de ses personnages, souvent tiraillés entre désirs individuels et contraintes collectives.
Si ses romans abordent avec acuité les réalités sociales, les contradictions amoureuses et les chemins escarpés de l’émancipation, ils sont aussi portés par une langue élégante et accessible, une écriture qui parle au cœur tout en interpellant l’esprit. Entre la rigueur de l’énarque qu’elle est devenue et la fragilité de la romancière qui doute et explore, Marème Soda NDOYE LÔ trace une trajectoire singulière, riche d’engagement et de passion.
Sa prise de parole à Guédiawaye, ponctuée d’humour discret et de confidences sincères, a touché une jeunesse avide de lecture et d’écriture. Elle a transmis, au-delà des mots, un message essentiel : écrire, c’est se nourrir des autres pour mieux se dire soi-même, et lire, c’est ouvrir les fenêtres du monde.
Babacar Korjo Ndiaye _ Le Temoin
Célébration du livre et du droit d’auteur : retour sur une journée de réflexion et de transmission

Le 23 avril 2025, à l’occasion de la Journée mondiale du Livre et du Droit d’Auteur, le Centre G-Hip Hop de Guédiawaye s’est transformé en un véritable carrefour d’idées, de voix et de passions, porté par une volonté commune : célébrer le livre, ses créateurs et le droit qui protège l’acte de création. Placée sous le thème évocateur « Lire, écrire, protéger ! Le parcours d’un livre, de l’idée à sa publication ? », cette journée a été organisée conjointement par Ruba Éditions et le magazine Sénégal Njaay, avec le soutien de plusieurs partenaires culturels.
La manifestation a réuni un public nombreux et diversifié : élèves, enseignants, éditeurs, écrivains, professionnels du secteur du livre, ainsi que des représentants d’institutions culturelles et éducatives. Dans une atmosphère à la fois studieuse et conviviale, les échanges ont mis en lumière les multiples dimensions de l’objet-livre, de sa conception à sa diffusion, en passant par les enjeux liés à la propriété intellectuelle.
Parmi les temps forts de la journée, l’intervention très remarquée de Marème Soda NDOYE LÔ a marqué les esprits. Haute fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, directrice de l’Assistance et de la Promotion des Sénégalais de l’Extérieur depuis février 2023, mais aussi romancière accomplie, elle a livré un discours sensible et éclairant sur le processus de création littéraire. À travers son témoignage personnel, elle a su faire ressentir la lente maturation des idées, les doutes de l’écrivain, mais aussi la joie profonde de voir naître une œuvre et de la partager avec les lecteurs. Son intervention a également souligné l’importance de la rigueur, de la lecture continue, et de la patience dans le cheminement de tout auteur.
À ses côtés, Mamadou Samb, écrivain, éditeur et acteur engagé dans la valorisation de la production littéraire sénégalaise, a apporté une analyse pointue de la chaîne du livre dans le contexte local. De la naissance du manuscrit à sa mise en circulation, il a mis en évidence les défis que rencontrent auteurs et éditeurs, notamment en matière de diffusion, de rentabilité, et de respect des droits d’auteur.
L’événement a également été honoré par la présence de figures majeures du monde littéraire sénégalais, parmi lesquelles :
– le brillant nouvelliste Magueye Touré,
– l’écrivain et éditeur Pape Samba Badji,
– l’écrivaine Hapsato dite Djinda Deme, lauréate du Prix Arame Fall des langues nationales,
ainsi qu’une constellation d’acteurs du livre engagés dans la défense de la création et la démocratisation de la lecture.
Autre moment fort : la prestation du CLAP (Club de Littérature, d’Art et de Philosophie), dont les membres ont offert une lecture expressive d’extraits d’œuvres littéraires. Par cette mise en voix soignée et habitée, ils ont rappelé que le livre n’est pas seulement une matière à étudier, mais aussi un vecteur d’émotion, de pensée et de lien social.
Au fil de la journée, les échanges entre les invités et le public, notamment les jeunes lecteurs, ont permis de créer un espace de dialogue intergénérationnel, où la passion pour les mots a fait écho à une ambition partagée : construire un avenir où la lecture sera un acte quotidien, critique et joyeux.
Cette édition 2025 de la Journée mondiale du Livre à Guédiawaye aura ainsi rempli l’une de ses missions les plus nobles : montrer que le livre n’est pas un objet figé, mais un souffle vivant, un bien culturel essentiel, un compagnon de liberté.