J’ai toujours été une enfant imaginative. Et comme j’ai très tôt baigné dans le monde des livres, par influence, je me projetais en écrivant mes propres histoires. La poésie a accompagné mes premiers émois et mes premières révoltes d’adolescence, puis j’ai tenté de recréer le monde, de le façonner à travers mes personnages au début de l’âge adulte. Quand j’ai eu des enfants, j’ai voulu leur raconter mes propres histoires et ensemble on a créé des personnages contemporains, africains, ouverts sur le monde. Quant à l’écriture de mon roman, La maison des épices, je peux dire que je l’ai porté en moi longtemps, tant les thèmes que j’y développe (la marginalité, notre rapport à l’autre, notre appropriation de nos savoirs endogènes, ….) me sont chers. C’est un travail de longue haleine, une aventure singulière mais vraiment passionnante
L’écriture est toute ma vie. C’est ma respiration. Elle me permet de lire le monde avec mes propres lunettes, mon système de référence (qui évolue certes le long d’une vie). Je parlerai également de mon rapport à la lecture car je pense que ce sont les deux faces d’une même pièce. La lecture me nourrit en tant qu’écrivain même si j’avoue refuser d’avoir des « maîtres ». J’aime toute forme de lecture, parce qu’elle m’enrichit, me fait voyager dans le temps et l’espace, me cultive, me permet de me définir. C’est une grande richesse et je suis aussi d’un grand éclectisme en matière de lecture.
La poésie me permettait d’évacuer le trop plein de sentiments, de révoltes, mes débordements, en somme. Maintenant, j’écris par passion, sur les thèmes qui me tiennent à cœur ou plus légèrement, dans quelques nouvelles parce que j’ai trouvé l’inspiration au détour d’un fait divers, d’une situation vécue ou entendue. L’imagination est à la fois impérieuse et volatile. Il faut savoir ruser avec elle. Il arrive que pendant des mois, je n’arrive pas à écrire une ligne, comme si le flot se tarissait. Puis, ça revient, comme un caprice et s’impose à moi au point de faire passer toute autre occupation au second plan.