À l’occasion du Salon international de l’Édition et du Livre de Rabat, Driss Chraïbi, figure majeure de la littérature marocaine et mondiale, a été célébré à travers une conférence-lecture et une exposition. Cet événement marque le début des préparatifs du centenaire de sa naissance, prévu en 2026, et met en lumière l’actualité saisissante de son roman «Les Boucs», publié en 1955.
L’écrivain marocain Driss Chraïbi, décédé en 2007, a été honoré lors d’un bel hommage au Salon international de l’Édition et du Livre (SIEL) de Rabat, en prélude à la commémoration du centenaire de sa naissance prévue en 2026.

Mardi 22 avril, dans l’espace dédié aux Marocains du monde, une conférence-lecture croisée a été consacrée à son roman emblématique Les Boucs (1955), considéré comme le premier roman sur l’immigration.


«Pour moi, ce livre est l’un des grands romans de la littérature marocaine et internationale. Il reste d’une actualité criante, évoquant avec force la condition des immigrés et les enjeux du vivre-ensemble», a déclaré l’écrivaine Zineb Mekouar, auteure de La Poule et le Cumin. «Soixante-dix ans après sa parution, Les Boucs continue de résonner avec notre époque. À travers cet hommage, nous souhaitons mettre en lumière l’écriture puissante de Driss Chraïbi et rappeler l’immensité de son œuvre.»

Elle s’exprimait aux côtés de l’écrivain Mustapha Kebir Ammi et du critique littéraire Kacem Basfao, spécialiste de Chraïbi, que ce dernier appelait affectueusement «mon frère». Kacem Basfao a d’ailleurs coordonné l’exposition dédiée à l’auteur, installée dans l’un des pavillons du SIEL, une initiative conjointe du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication et du Conseil de la communauté des Marocains à l’étranger (CCME).

«Cet événement est particulièrement émouvant, car il marque la première reconnaissance officielle de la figure universelle de Driss Chraïbi par les institutions marocaines», a souligné Kacem Basfao.


De son côté, Mustapha Kébir Ammi a évoqué sa première rencontre avec l’œuvre de Chraïbi, bien avant de le rencontrer grâce à Driss El Yazami, président du CCME. C’est dans sa ville natale de Taza, chez un libraire de quartier, qu’il découvre pour la première fois les écrits de l’auteur. Il rappelle que la revue Souffles, dans son cinquième numéro, lui avait déjà consacré un hommage, signe de l’influence considérable de Chraïbi sur la seconde génération d’écrivains marocains.

«Driss Chraïbi est un écrivain qu’il ne suffit pas d’honorer une seule fois. Il faut l’enseigner dans les écoles, les collèges, les lycées et les universités, et aussi le faire connaître à l’étranger. Il fait partie des grands noms de la littérature universelle», a-t-il affirmé, lançant un appel pour une reconnaissance durable et internationale de son œuvre.

Driss Chraïbi s’est éteint le 1er avril 2007 en France. Selon ses dernières volontés, il a été inhumé le 6 avril au cimetière des Chouhada à Casablanca, la ville de son enfance, non loin de la tombe de son père.

Par Qods Chabâa et Youssef El Harrak