
Du 21 au 24 mai 2025, la capitale sénégalaise vibrera au rythme du Festival international de littérature de Dakar (FILID). Pour sa quatrième édition, cette manifestation littéraire majeure, placée sous le haut patronage de Madame Khady Ndiène Gaye, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, s’ouvre sous un thème aussi ambitieux qu’urgent : « Développement par la culture : la place du livre ». Une déclaration de foi en l’avenir par la lecture, par les lettres, par les écrivains.
C’est dans le cadre d’une conférence de presse tenue au centre culturel Blaise Senghor de Dakar que les organisateurs du FILID ont dévoilé les grandes lignes de ce rendez-vous qui, en quelques années, s’est imposé comme une référence incontournable dans le calendrier culturel de la sous-région. M. Abdoulaye Fodé Ndione, directeur du festival, entouré de son équipe — Mamadou Kamara pour la programmation, Rosita Mendy, Moustapha Dieng et Salamata Ousmane Diallo pour la communication — a partagé avec passion l’histoire, les enjeux et les ambitions de cette édition 2025.
Une aventure de passionnés devenue institution
Depuis sa création en 2022, le FILID s’est hissé parmi les grands festivals littéraires africains. « C’était très difficile au début, mais les gens se sont approprié le projet », raconte Abdoulaye Fodé Ndione. À force de ténacité et de vision, le FILID a su rassembler auteurs, éditeurs, lecteurs et professionnels du livre. Mieux encore : il a franchi les frontières sénégalaises, attirant des écrivains du monde entier. Pendant quatre jours, Dakar devient ainsi le théâtre de dialogues essentiels autour de la littérature, du développement culturel et des enjeux sociétaux contemporains.
Le programme de cette édition s’annonce dense, diversifié et profondément ancré dans les réalités sociales et culturelles. Rencontres, panels, lectures publiques, masterclasses, ateliers dans les établissements scolaires… l’équipe du FILID entend investir la ville dans toute sa diversité.
Deux établissements scolaires seront à l’honneur cette année : le lycée Limamou Laye de Guédiawaye et le Cours Sainte-Marie de Hann, choisis comme invités d’honneur. Des concours de poésie y seront organisés, prolongeant la dynamique d’un festival qui ne se contente pas de rassembler l’élite littéraire, mais qui veille à irriguer les bases, à semer les graines de demain.
Plusieurs lieux emblématiques de Dakar accueilleront les activités du festival : le Centre culturel régional Blaise Senghor, l’Institut français, la Maison de la culture Douta Seck, la Place du Souvenir africain, sans oublier le Grand Théâtre national où se tiendront, comme de coutume, l’ouverture officielle et la cérémonie de remise des prix.
Trois prix d’excellence pour célébrer les lettres
Le FILID ne serait pas ce qu’il est sans ses prix prestigieux, devenus des références dans l’espace littéraire africain et diasporique. Le Prix Cheikh Hamidou Kane, en hommage à l’auteur de L’Aventure ambiguë, célèbre une œuvre majeure contemporaine. Le Prix Annette Mbaye d’Erneville, du nom de la pionnière du journalisme féminin au Sénégal, récompense une voix féminine forte. Enfin, le Prix national Abdoulaye Racine Senghor met à l’honneur un talent sénégalais. À ces distinctions s’ajoutent les prix scolaires destinés aux jeunes talents issus des établissements partenaires.
Les jurys, déjà à l’œuvre depuis plusieurs mois, devraient livrer leurs verdicts lors des cérémonies officielles. Les lauréats seront dévoilés avec faste et solennité, pour inscrire leur nom dans une tradition d’excellence et d’engagement.
Chaque édition du FILID débute par une leçon inaugurale en écho au thème choisi. Pour 2025, l’honneur revient au professeur Alpha Amadou Sy, intellectuel rigoureux et orateur éloquent. Il s’exprimera sur le thème « Développement par la culture : la place du livre », offrant au public une réflexion fouillée sur le rôle structurant du livre dans les dynamiques sociales, économiques et identitaires. « Ce thème est d’actualité, en phase avec les aspirations des nouvelles autorités », souligne le directeur du festival. La leçon devrait poser les fondements d’une édition à forte portée politique et culturelle.
Un appel aux partenaires : renforcer le socle du FILID
Dans un pays où les défis culturels se heurtent souvent aux contraintes budgétaires, l’appel des organisateurs aux partenaires publics et privés se veut clair et urgent. « Nous avons besoin d’eux, car organiser un tel événement coûte cher », rappelle Abdoulaye Fodé Ndione. Il salue au passage le soutien continu du Ministère de la culture et de la ville de Dakar, ainsi que celui des établissements qui mettent leurs locaux à disposition, réduisant ainsi considérablement les coûts logistiques.
Mais il invite aussi d’autres institutions à s’engager, à accompagner un projet qui ne vise rien de moins que l’émancipation par les lettres. Car recevoir dignement les écrivains invités, créer les meilleures conditions pour les débats, et assurer la qualité des productions nécessite un appui à la hauteur des ambitions du festival.
Au fond, cette quatrième édition du FILID ne célèbre pas seulement les livres : elle réaffirme une conviction. Celle que la culture — et singulièrement la littérature — peut être un levier de développement humain, de transformation collective, de cohésion nationale et continentale.
Du 21 au 24 mai 2025, Dakar ne sera pas qu’une ville littéraire. Elle sera un lieu de résistance, de célébration, d’engagement. Un carrefour de mots et d’idées. Une capitale de l’espoir par la culture.
Babacar Korjo Ndiaye