TABARA NIANG

Ma rencontre avec la plume a été source de force, me permettant de rester debout et de poursuivre mon cheminement vers la liberté. Au fil des années, la présence de cet objet est devenue une nécessité vitale, un troisième temps enveloppé entre l’inspiration et l’expiration. Le temps de Zeus. Celui de la prise du trône de Zeus, avec sa plume de « Soit ! ». Être Zeus, le moment subtil entre le tic et le tac de l’horloge cordiforme… J’écris pour m’écouter, pour ressentir les battements de mon âme hachée, pour retrouver les pièces manquantes de mon puzzle neurologique. J’écris pour hurler en silence, pour humer le parfum des fleurs de ma douleur, pour contempler les big bangs de mes neurones féminins…

Le premier élan d’expression que j’ai ressenti… Eh bien, je n’en garde tout simplement aucun souvenir. J’étais très jeune, en tout cas. J’ai l’habitude de dire que j’ai appris à écrire avant même de savoir lire et parler correctement, car depuis ma tendre enfance, j’ai dû composer avec un fort bégaiement et un léger zézaiement.

En raison de ces « handicaps », j’ai été la cible, pendant de nombreuses années, de moqueries plutôt cruelles, d’abord de mon entourage, puis de mes camarades de classe, de mon enfance à mon adolescence. J’ai alors trouvé refuge dans l’écriture pour « m’exprimer », à travers des journaux intimes que j’ai régulièrement tenus dans ma jeunesse. Ces journaux, malheureusement, je ne les garde plus, ayant été détruits par le feu ou déchirés. J’avais peur, en effet, d’être lue par une sœur, une amie ou un étranger trop curieux. Aujourd’hui encore, j’écris pour moi, pour entretenir une conversation avec mon moi intérieur, d’où certainement l’impertinence qui transparaît quelque part dans mon style.