Dakar, 23 juin 2024 — Sous le soleil bienveillant de ce dimanche après-midi, le  cadre verdoyant du jardin du jet d’eau de Dakar a accueilli une rencontre d’une intensité rare. Organisée par « La Bibliothèque SN » en partenariat avec la librairie Plumes du monde et Kër Thiossane, cette célébration de la mémoire a réuni Florian Bobin, auteur du livre « Cette si longue quête, vie et mort d’Omar Blondin Diop », et Becaye Blondin Diop, frère de ce militant historique. La douceur des parfums floraux se mêlait à la brise légère, créant une atmosphère propice à la réflexion et à l’émotion.

La Bibliothèque SN : Une Invitation au Voyage Intérieur
La rencontre a débuté par une présentation de La Bibliothèque SN, une bibliothèque nomade qui, en trois ans, a su rassembler une communauté de 150 membres. Chaque livre, chaque page, est un voyage. Les participants se sont assis sur des nattes, échangeant souvenirs et impressions sur les années 60-70.

Omar Blondin Diop : Un Portrait en Cartes et en Souvenirs
Florian Bobin a captivé l’audience en déroulant la vie d’Omar Blondin Diop à travers des cartographies vivantes. Né à Niamey, ayant grandi entre Dakar et la région parisienne, Omar était un esprit libre, un ami proche d’Antoine Gallimard et un acteur dans un film de Jean-Luc Godard. Son parcours était jalonné d’engagements et de combats. La tension montait, palpable, lorsqu’il racontait l’extradition d’Omar de Bamako à Dakar, et sa condamnation en 1972 pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Les murmures des participants se faisaient écho, amplifiés par la découverte d’un plan d’évasion lors de la visite de Léopold Sédar Senghor.

Témoignage de Becaye Blondin Diop : L’Écho des Années Révolutionnaires
Becaye Blondin Diop, dans une voix teintée de nostalgie et de fierté, a partagé des souvenirs intimes de leur enfance. La rébellion coulait dans leurs veines. Omar, l’aîné de 11 frères, avait sacrifié sa vie pour libérer quatre de ses frères et amis, prisonniers pour avoir défié les intérêts français. Les mots de Becaye peignaient des images vives : l’incendie du Centre culturel français, les flammes léchant les murs du ministère des Travaux publics, et la préparation de cocktails Molotov, symboles d’une lutte désespérée mais courageuse.

Clôture et Communion
La rencontre s’est achevée par un dernier tour de tapis, où les participants ont félicité Becaye et Florian, affectueusement surnommé « le 12 Blondin ». Les applaudissements se sont fondus dans le bruissement des feuilles, et les sourires se sont échangés dans une communion silencieuse. Les conversations ont continué autour de douceurs sucrées, la saveur des pâtisseries se mêlant à l’arôme des livres et des fleurs environnantes.

Ce moment, suspendu dans le temps, a non seulement honoré la mémoire d’Omar Blondin Diop, mais a aussi rappelé l’importance de la transmission des luttes et des sacrifices, renforçant ainsi les liens entre les générations. Le jardin du jet d’eau, avec ses couleurs éclatantes et ses senteurs envoûtantes, s’est transformé en un lieu de mémoire vivante, où passé et présent se rencontrent dans une quête continue de justice et de liberté.

Babacar Korjo