Il aura fallu douze années de ténacité, de détours et de silence pour qu’un rêve prenne enfin corps dans l’obscurité d’une salle. Le 4 juillet 2025, « Une si longue lettre », le premier long métrage de la réalisatrice sénégalaise Angèle Diabang, tiré du roman culte de Mariama Bâ, sortira dans les salles, au cinéma Pathé de Dakar. Une œuvre attendue, presque réclamée à cor et à cri par une génération nourrie à ce chef-d’œuvre littéraire devenu patrimoine.

À quelques jours de la sortie officielle, Karoninka, la maison de production, convie la presse à une projection spéciale suivie d’une conférence avec l’équipe du film, le mercredi 2 juillet à 10 heures, dans ce même complexe cinématographique.

Angèle Diabang signe ainsi la toute première adaptation cinématographique du roman publié en 1979. « Après plus de 12 ans d’un processus semé d’embûches, Angèle Diabang a enfin concrétisé son rêve d’adapter pour la première fois au cinéma ce classique de la littérature africaine », rapporte le communiqué.

Porté par une distribution prestigieuse, le film met en scène la comédienne sénégalaise Amélie Mbaye et le Gabonais Serge Abessolo. Autour d’eux, des figures familières du théâtre sénégalais, telles que Ndèye Coumba Coulibaly, dite Madre Peace, ou encore Cheikh Seck de la troupe Janxeen de Thiès.

Le synopsis du film reste fidèle au cœur du roman : Ramatoulaye, une enseignante, voit sa vie s’effondrer lorsque son mari prend pour seconde épouse la meilleure amie de leur fille. « Le film évoque sa descente aux enfers : les vicissitudes économiques, sa lutte acharnée pour conserver sa villa et défendre l’héritage de ses enfants, sa solitude face à cette situation. Le film sera aussi le témoin de sa reconstruction », précise le texte de présentation.

L’histoire trouve sa source dans les réalités intimes et collectives des femmes africaines, avec une acuité que les années n’ont pas émoussée. « Plus de quatre décennies après sa sortie, ce roman qui traite de la condition de la femme, n’a pas pris une ride et demeure d’une brûlante actualité », rappelle le communiqué.

Le livre, vendu à plus de 750 000 exemplaires et traduit dans 25 langues, reste aujourd’hui un best-seller. Au Sénégal, plus de 30 000 copies sont écoulées chaque année. « Il est au programme dans les écoles sénégalaises ainsi que dans les universités américaines et allemandes. Mariama Bâ a décroché grâce à lui le prix Noma de littérature en 1980 à Francfort », indique encore le texte.

La version cinématographique n’en est pas à ses premiers pas. Présenté en février 2023 au FESPACO, dans la section « Perspectives », le film a depuis tracé sa route à l’international. Il a été sélectionné à l’African Film Festival de New York, au Dakhla Film Festival au Maroc, à la semaine du centenaire Vieyra à Tours et au Locarno Film Festival en Suisse.

Cette reconnaissance trouve un écho dans la sélection actuelle du film aux NISA (Nuit ivoirienne du septième art), où il concourt dans six catégories, dont celle de la meilleure interprétation féminine internationale pour Amélie Mbaye. Amath Niane y défend quant à lui deux nominations, celles de la meilleure réalisation et de la meilleure photographie.

Seneweb