Nous rencontrons Fatou Oulèye Sambou, auteure du roman “La Pomme d’Adam” publié chez L’Harmattan. Spécialiste en communication et travaillant dans l’administration publique sénégalaise, elle nous présente son premier ouvrage qui aborde des thèmes complexes et universels. À travers des scènes de vie quotidienne, elle explore l’amour, la haine, le mariage, le divorce, la naissance et la mort, ainsi que d’autres sujets profonds et interconnectés. Fatou partage également son parcours d’écriture, depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui, où l’écriture est devenue son refuge et sa manière de contenir ses émotions. Elle trouve son inspiration dans ses propres sentiments, tout en puisant dans la mer et ses vastes horizons. Bien qu’elle ne sache pas si elle sera publiée à nouveau, elle affirme que l’écriture restera toujours une thérapie pour elle. Son message à travers son roman est un appel à se concentrer sur l’essentiel de la vie : les relations humaines, les interactions sociales et le temps passé avec nos proches.
Propos recueillis par Babacar Korjo Ndiaye
Présentez-vous en quelques mots.
Je suis Fatou Oulèye Sambou, auteure du roman La Pomme d’Adam paru chez L’harmattan. Je suis spécialiste en communication et je travaille dans l’administration publique sénégalaise.
Parlez-nous de votre ouvrage La pomme d’Adam.
La pomme d’Adam est ma première publication. C’est un roman qui parle du fruit interdit, qui a été cueilli et peut-être croqué par Rokhaya, étudiante en médecine. Avec des parents toujours entre deux avions, un père diplomate et une mère commerçante, elle a grandi avec un manque criard de chaleur familiale jusqu’à ce qu’elle rencontre Doudou, professeur de Mathématiques. De vingt ans son aîné, elle découvre chez lui un homme fidèle et dévoué à son épouse avec qui il n’arrive pas à avoir d’enfant depuis une quinzaine d’années. Les deux s’autorisent une petite récréation qui va constituer une prison pour eux, aux yeux de la société. Le roman met à nu la beauté, la fragilité et l’essence de l’existence dont les lisières sont très ténues. Entre mystères et promesses, j’essaie d’y dépeindre des scènes de vie quotidienne avec des thèmes qui se chevauchent comme l’amour et la haine, le mariage et le divorce, la naissance et la mort, la fourberie et la rectitude entre autres.
Depuis quand écrivez-vous ?
Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours écrit. Mes parents sont de grands passionnés de lecture. Étant commissaire de police, mon père a travaillé comme chef du dépôt légal et amenait toujours des livres à la maison. La condition, c’était de faire une fiche de lecture après avoir dévoré une œuvre. Ma mère aussi, enseignante, m’a beaucoup influencé. Petite, elle me demandait toujours de raconter mes chamailleries avec mon frère et mes sœurs par écrit sous forme de rédaction pour éviter d’être perturbée au moment de corriger ses devoirs. Cet exercice, je m’y prêtais avec débrouillardise et ça m’aidait à me calmer. C’est comme ça que l’écriture est devenue le placard dans lequel je pouvais ranger mes petites peines.
Que vous apporte l’écriture ?
Nous avons été amenés plusieurs fois à déménager du fait des affectations professionnelles de mes parents, et ce nomadisme m’empêchait de m’attacher aux nouvelles personnes que je rencontrais, par peur de devoir les quitter un jour. L’écriture est une façon pour moi de me sentir en sécurité tout en m’évadant.
Quelle est votre source d’inspiration ?
L’une de mes sources d’inspiration, ce sont mes propres émotions. Pour les contenir, rien ne me réussit plus que le crayon. Quand je suis en colère, quand j’ai peur ou quand je suis contente, j’essaie toujours de le transcrire sur du papier. J’essaie, tant bien que mal, de distiller toute cette émotion à travers mes personnages. La mer également m’inspire, le fait de regarder l’horizon et de voir tout et rien en même temps m’apaise aussi.
Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
Je ne sais pas si je me ferai publier à nouveau mais ce qui est certain est que jamais je ne m’arrêterai d’écrire. Comme on prend souvent goût à le dire : on ne change pas une équipe qui gagne. L’écriture est ma thérapie.
On dit souvent que l’auteur « fait passer un message » : est-ce le cas pour vous ?
Le message que je cherche à transmettre à travers ce roman, c’est que les plus belles choses de la vie ne sont pas des « choses », elles ne sont pas matérielles. Ce sont des émotions, ce sont des attentions, ce sont des sentiments. Aujourd’hui les gens sont tellement suppliciés par la recherche d’argent qu’ils oublient de se concentrer sur l’essentiel : les relations humaines, les interactions sociales, la vie ! Je profite de cette tribune pour lancer un appel à tous les parents. On ne mange presque plus autour du bol et on ne s’assoit plus avec ses enfants et pourtant ce sont de rares moments dans la journée où on peut prendre le temps d’écouter ses enfants, de chercher à les connaître et à comprendre leurs agissements. Les enfants grandissent vite et souvent, lorsqu’un problème surgit, le parent est pris de surprise parce qu’il n’aura pas pris le temps de voir les signaux d’alarme de son tout petit. Tantôt ils sont au primaire, tantôt ils sont à l’université et ils ont besoin de leurs parents pour faire les bons choix dans la vie. Le rôle des parents ne s’arrête pas à nourrir leurs enfants, à les habiller et à payer leur scolarité, ils doivent aussi avoir un rôle de soutien et de refuge.
Votre dernier mot ?
Je vous remercie pour cette belle interview et vous félicite pour le beau travail que vous faites pour impulser de nouvelles dynamiques et faire bouger les codes de la littérature sénégalaise.