Publié en 1979 par les Nouvelles Éditions Africaines, « La Grève des Battu » est un roman saisissant de l’écrivaine sénégalaise Aminata Sow Fall. Avec ses 131 pages réparties en 14 parties, cet ouvrage offre une plongée captivante dans les profondeurs de la société sénégalaise.

Au cœur de ce récit se trouve un terme évocateur : « battu », qui signifie en wolof « les calebasses ». Ces calebasses symbolisent les récipients que tendent les mendiants pour solliciter l’aumône. Marginalisés et méprisés par les autorités, ces mendiants décident un jour de se révolter, refusant toute forme de sacrifice ou d’aide provenant des dirigeants politiques. Ainsi naît la grève des battu, un mouvement de résistance contre l’oppression et l’injustice.

L’histoire se déroule dans un contexte où les hommes au pouvoir considèrent les mendiants comme des éléments perturbateurs, nuisant au développement et à l’image touristique de la ville. Mour N’diaye, un haut bureaucrate ambitieux, charge son adjoint zélé, Keba Dabo, de se débarrasser de ces « indésirables » une fois pour toutes. Mais les mendiants, solidaires, refusent d’être traités avec mépris et violence. Conscients de leur place dans la société, ils entament une grève qui bouleverse l’équilibre du pouvoir.

Les conséquences de cette grève sont profondes et inattendues pour les puissants. Malgré leur tentative de répression, les mendiants restent fermes dans leur résistance. Mour, lui-même, se retrouve pris au piège de son ambition. Confronté à leur refus d’aider à un sacrifice crucial pour sa carrière politique, il voit ses espoirs s’effondrer avec la nomination d’un rival au poste de vice-président.

A travers « La Grève des Battu », Aminata Sow Fall offre un réquisitoire subtil contre l’injustice sociale et la marginalisation des plus faibles. Son œuvre résonne encore aujourd’hui comme un appel à la solidarité et à la dignité humaine, tout en offrant une critique acerbe des abus de pouvoir et des inégalités persistantes dans la société sénégalaise.