L’oralité a toujours été définie comme le second terme d’une dichotomie où elle s’oppose à l’écriture. Comme moyen de communication, elle permet aux sociétés foncièrement orales de transmettre leur message et par extension leur patrimoine culturel. On s’étonne vraiment avec M. Houis «comment une société évolue dans le temps, tout en perpétuant, selon diverses modalités d’expression, le patrimoine culturel qui lui est propre »1. Cela fait jaillir la question de la mémoire. Certes, l’écriture, seule, ne permet pas la fixation.
La littérature orale est donc et sans doute la principale forme qui témoigne de l’ancienneté et de la pérennité de la culture d’une société foncièrement orale.
Ainsi, la langue berbère véhicule des cultures traditionnelles spécifiques aux régions où elle est parlée. A défaut d’une littérature écrite, elle ne cesse d’être le vernaculaire d’une littérature orale très riche représentée par les genres classiques prosaïques et poétiques. Ces genres portent une valeur plus qu’informative. D’ailleurs, les anthropologues, les technologues et les ethnographes et autres chercheurs en toutes sciences humaines se sont très tôt rendus compte de cette valeur, et on fait de cette littérature orale un champ documentaires et un révélateur des mentalités de mode de vie, des mythes et des croyances d’une société exclusivement orale. En d’autres termes, cette littérature ne serait que «l’expression linguistique de ce que l’on peut appeler l »âme berbère »2.
Les berbères possèdent une littérature orale très riche dont le fond est constitué des proverbes, des contes et surtout des productions poétiques et musicales très diverses. Ces genres authentiquement oraux sont marqués par un certain nombre de caractéristiques comme le rythme et la musicalité qui en facilitant la mémorisation. En ce qui concerne leur conservation, on la doit à des catégories sociales bien déterminées (les plus âgés, les illettrés et surtout les femmes), et aussi à leur usité fréquente et quotidienne.
Je termine en rappelant que la littérature orale, emmagasinée dans notre mémoire collective, est menacée par l’extermination et qu’il devenait urgent d’intervenir pour la fixer par écrit.