I- Le résumé de l’œuvre
A travers son roman Les liens maudits, Dado Touré nous invite dans un environnent aussi tragique que passionnant. Tout au long des douze (12) chapitres du roman, elle conte le vécu d’une jeune femme, son personnage principal Saly dont la vie n’as pas été monotone et à qui le destin n’a à aucun moment de sa vie voulu faire de cadeau. Rien ni personne ne lui souriaient, ni même sa famille et son entourage direct. En effet, le personnage de Saly est une jeune femme qui a été, très tôt victime de viol de la part d’un charlatan qui était censé intercéder en sa faveur dans le but d’augmenter ses chances de réussite à l’examen du baccalauréat qu’elle préparait. Ironie du l’histoire, elle en tombera enceinte et n’aura plus finalement son baccalauréat. Et comme si le destin s’acharnait sur son sort et ne voulait pas du tout se contenter de la voir subir un viol pour en avoir plus tard un enfant, il y eut un concours de circonstances plus tragiques et dures les unes que les autres. Ne connaissant pas son père, elle perdra ensuite sa mère avant d’être chassée de sa maison familiale par ses oncles dont elle était sous le toit. Déboussolée et laissée à la merci de son très jeune âge et de la rue, sa vie ira de mal en pis. Rejetée par la société en général et sa famille en particulier, Saly essaiera malheureusement, et malgré elle, de se réfugier dans un milieu pour lequel rien ne la prédisposait. Mais comme dit l’adage « pour celui qui se noie, même la queue du serpent est une bouée de sauvetage », c’est ainsi qu’elle entra dans le milieu de la prostitution où un relatif bonheur commençait à lui sourire et qui commençait à lui faire oublier ses peines. Hélas, ce moment d’insouciance ne sera que de courte durée car, quelques temps après, Saly apprendra qu’elle était séropositive et qu’elle vivait avec le virus du SIDA. Et pour toucher carrément le fond et atteindre le summum de ses souffrances, Saly finira par se suicider.
II- Les thèmes
Dans Les liens maudits, Dado traite d’une part des questions d’ordre sociétal (: la condition féminine, l’éducation, la protection de l’enfant, la trahison, le fléau des charlatans…) et d’autre part des questions métaphysiques (l’insouciance, la mort, l’espoir, la solitude…) ; mais toutes deux inhérentes à la condition humaine.
III- Le style
Le roman Les liens maudits est écrit avec un style et un niveau de langue qui le rendent digeste et accessible. Bien qu’étant dans un récit, Dado ne s’est pas engouffrée dans la facilité qu’offre la narration linéaire. Un lecteur peu averti pourrait être emporté par le personnage de Khaar et sa vie qui ouvrent le roman mais qui n’est utilisé que comme prétexte par l’auteure pour nous conter la vraie histoire, je veux dire celle qui l’intéresse véritablement, c’est-à-dire l’histoire de Saly, la mère de Khaar. Mais cette astuce n’est rien d’autre que la preuve irréfutable des aptitudes imaginatives de l’auteure et de son esprit de créativité qui fait effectivement les grands romanciers.
En plus de cela, Dado nous serre de temps à autre, une narration descriptive propre à Mariama Ba, embarquant son lecteur dans le monde du livre et l’y maintenant tout au long de sa lecture.
Avec un discours limpide, un français qui allie à la fois académisme et accessibilité, Dado n’a pas voulu réduire sa cible car étant consciente que son livre peut être lu et adopté par toutes les tranches d’âge. Elle s’est rendue accessible, compréhensible, digeste, concise, courtoise et décente dans son discours. De l’incipit à l’excipit, l’auteure tient en haleine son lecteur avec un style narratif qui lui laisse peu la possibilité de deviner l’épilogue du récit. C’est dire qu’avec ses capacités imaginatives et ses acrobaties linguistiques propres aux grands romanciers, Dado absorbe son lecteur et le berce dans l’environnement qu’elle a créé pour le laisser savourer la beauté de son récit et le surprendre par sa chute peu prévisible qu’est le suicide de Saly.
Amadou SOKHNA, enseignant, écrivain