
Rapatriement, c’est l’histoire d’Annabella, une étudiante de 23 ans qui se rêve poète. Alors qu’elle a rompu tout lien avec son père, elle apprend sa mort survenue au Cameroun. Il faut rapatrier le corps, mais l’argent fait défaut. A distance, elle enquête pour tenter d’éclaircir les circonstances de cette mort, se perd, démêle bien plus que ce qu’elle ne cherchait.
Parviendra-t-elle à récupérer le corps de son père pour l’enterrer en France ? Réussira-t-elle à lui pardonner ? Et que doit-elle lui pardonner ? N’est-ce pas plutôt à elle de se faire pardonner d’avoir tourné le dos à son père et à toute sa famille ?
Rapatriement est un livre sur la culpabilité et le deuil (la perte du père et la perte de soi). C’est aussi un livre sur la vocation littéraire, celle qui tient étroitement lié ensemble l’envie de lire et d’écrire. Dans l’espace du roman, Annabella, qui proclame sa vocation à qui veut bien l’entendre, ne réussira jamais à écrire le livre qu’elle ambitionne, parce qu’elle n’est pas assez sensible : c’est-à-dire disposée à connaître et à rencontrer la vérité. Elle ne voit pas en la littérature une fin, mais un instrument, le moyen de parvenir et de se faire valoir. Elle ne pourra jamais rien écrire qui « touche le cœur » (Horace).
J’ai voulu construire un personnage plein de défauts et d’ambiguïtés : une ingrate qui aime son père, mais l’abandonne ; une femme qui souffre de solitude, et traite injustement son entourage.
Rapatriement est un livre sur le mensonge, la culpabilité et le deuil ; et son personnage principal, une Antigone qui aurait abandonné Œdipe pour son plus grand malheur, puisque sa cruauté ne détruira qu’elle.
Au milieu de toute cette tragédie, je me suis efforcée d’injecter un peu d’humour, de légèreté, en confectionnant un personnage burlesque : Annabella n’est pas adaptée pour le monde, et c’est peut-être ce qui la rend touchante. Elle a plus de caractère et de liberté que je n’en aurai jamais.
Je remercie mon éditrice Madeleine Thompson pour sa présence tout au long de la réécriture et de la relecture du livre, ainsi que l’ensemble de l’équipe de Grasset qui entoure et accompagne tous ses auteurs, et même ceux qui ne rapportent rien.
Je remercie Jean-François Paga pour cette couverture, qui rend bien compte de l’esprit du roman.
Enfin, je remercie ma famille, mon oncle Ludovic, et mes tantes Marina et Pascale, pour leur soutien pendant toutes ces années.
Si le cœur vous dit de le feuilleter, de le parcourir ou de le lire, il sera disponible le 31 janvier 2024.
Ne lisant pas dans les boules de cristal, je ne saurais vous dire s’il sera disponible partout.
Le livre ne m’appartient plus. Il va devoir mener sa propre vie, loin de moi. Peut-être que je souffrirai qu’on ne comprenne pas où j’ai voulu en venir. Et ce sera le jeu.
Ce livre a tous les défauts de la jeunesse bien sûr, mais je crois qu’il a été écrit avec le cœur.
Rapatriement (Grasset, 31 janvier 2024)
Eve Guerra