Avec La Prison aux Barreaux Invisibles, Aïcha Ouattara signe un roman aussi lucide que percutant, explorant avec acuité les méandres d’un quotidien estudiantin miné par les affres de la précarité, les violences systémiques et la désillusion. Par le prisme d’un jeune étudiant anonyme, l’autrice nous introduit dans l’envers du décor universitaire ivoirien, où l’idéal méritocratique s’effrite face à la brutalité d’un système gangrené par l’injustice sociale.

Loin de toute complaisance, ce récit d’apprentissage douloureux met en lumière une réalité souvent tue : celle d’une jeunesse sacrifiée, contrainte de négocier sa survie dans des cités où la promesse du savoir cède trop souvent la place au chaos. La fresque est sombre, mais non dénuée d’humanité : derrière la lassitude, la résistance s’organise, sourde, têtue, parfois poétique.

En creux, c’est aussi un plaidoyer en faveur de la dignité et de la mémoire que propose Aïcha Ouattara. Par une langue simple mais habitée, elle érige une stèle narrative à ces vies suspendues, entre aspirations étouffées et volonté farouche de s’extraire des barreaux invisibles de l’indifférence.

Un texte nécessaire, à la fois radiographie sociale et hommage aux luttes silencieuses.