NOTE DE LECTURE de Mr Sada KANE sur l’ouvrage de Anta Dioum Gning

« D’une gare à une autre … »

Caractériser cet ouvrage de Anta Dioum Gning requiert une certaine prudence car faisant partie de de ces œuvres qu’il est malaisé de ranger dans une catégorie bien définie.

En effet, le moins que l’on puisse dire est que l’œuvre, à force de ruser entre les gares, finit par devenir insaisissable.

Narration poétique ciselée dans une stylistique à la fois légère et mordante, cet ouvrage est un véritable kaléidoscope de questions bourdonnantes de sensibilité dont on ne peut définir avec exactitude si elles sont adressées à la narratrice elle-même ou au narrataire en personne.
Des questions si puissantes de vérité qu’elles donnent l’impression de sortir du livre en échos résonnants comme mues par l’énergie du désespoir.

Dans sa narration, espace, temps, émotion et foi se croisent, se tissent et se mêlent dans une symbiose quasi parfaite.
Paradoxalement, l’exercice tantôt homodiégétique tantôt hétérodiégétique auquel l’auteure s’est prêtée au cours de son récit, a rendu possible l’alternance entre le doute et la certitude au fil des pages offrant ainsi un contrat de lecture captivant pour ne pas dire envoûtant au narrataire qui, malgré lui, est submergé dans les flots de ses propres émotions.
Dans l’ouvrage, au même titre que la religion, la femme est omniprésente comme en témoigne le nombre foisonnant de personnages féminins évoqués : Minanta, Maty, Fatou, Astou, Ami, Binta, Adji, la sœur, la maman, la voisine dans le train, etc.

Même si pour la plupart, la présence de ces personnages est abstraite, il n’en demeure pas moins qu’ils confèrent une puissance évocatrice aux problématiques de la femme au sein de la société que nous vivons.

La femme doit-elle faire passer son épanouissement personnel et professionnel au détriment de son rôle de gardienne du temple de la famille avec son un grand F ?
Voilà la question existentielle fondamentale que pose l’ouvrage en laissant libre cours au lecteur d’apporter sa propre réponse et de se faire sa propre religion.

Pour conclure donc, ce livre est une invite à voyager car il y est beaucoup question de gares et de train mais le voyage n’est pas un voyage ordinaire car il s’agit d’explorer les plis et les replis de notre conscience afin d’interroger notre simple condition d’homo humanus face à un monde en pleine mutation.
Je vous remercie de votre attention.

Sada Kane