Pour ceux qui ne comprennent pas le bien-fondé du texte de mon respectueux et respectable confrère Élie Charles MOREAU, je dois une explication. Vendredi 7 mars 2025, à la suite d’échanges avec de clairvoyantes personnalités se préoccupant de l’avenir de l’Association des Écrivains du Sénégal (AES), surtout de celui de keur Birago, je l’ai appelé pour lui donner rendez-vous sur place, histoire de vérifier par nous-mêmes si les rumeurs persistantes de persona non grata n’étaient point de simples paroles au vent. Lorsque je suis arrivé au siège des écrivains associés, je l’ai appelé à plusieurs reprises. Comme, à chaque appel, je tombais sur sa boîte vocale, je lui ai envoyé un sms : « Bonjour, Élie, tu as fait faux bond ». Je dois avouer que j’avais prévenu des journalistes du quotidien Wal Fadjri que l’AES allait tenir, en catimini et sous haute surveillance (un huissier et des policiers étant commis), une Assemblée Générale et que certaines personnes dont moi ne seraient pas les bienvenues.
Bien que j’eusse laissé entendre à qui voulait m’écouter que je ne mettrai point les pieds à Keur Birago, le Jour J, j’ai tenu à me faire violence pour avoir le cœur net sur la posture de celles et de ceux qui allaient prendre le témoin, après la surréaliste course d’Alioune Badara BÈYE. C’est ainsi que le samedi 8 mars 2025, Journée internationale des droits de la Femme, à 11 heures précises, habillé de mon plus beau grand-boubou, j’ai franchi, le pas mal assuré, le portillon du siège de l’AES. Cependant quelle ne fut ma surprise lorsque, devant moi, s’ouvrirent les bras de Seydi SOW, d’Abdoulaye Fodé NDIONE et ceux de Djibril Diallo Falémé ! À franchement parler, j’ai eu droit à un accueil sans faux-semblant. Alors que je confiais à mes hôtes que je venais juste pour laisser un message au Secrétaire Exécutif et partir sans attendre l’élection, ils insistèrent pour que je reste et délivre publiquement mon message. Que faire face à tant de sollicitude ? Je suis donc resté jusqu’au moment où Monsieur Ibrahima LÔ, le Directeur du Livre et de la Promotion de la Lecture (DLPL), est arrivé pour présider la séance, à la demande des organisateurs.
Avant de prendre la parole, j’ai écouté avec soulagement Messieurs Saloum DIAKHATÉ, le Colonel Moumar GUÈYE, Seydi SOW et Abdoulaye Fodé NDIONE. Le souci cde tous, comme le souhaite, Élie Charles MOREAU, est de tourner la page, et n’y revenir que pour mieux s’imprégner des lignes lumineuses invitant au dépassement et à la résilience.  Comme n’étaient convoqués que « les membres actifs » (!?), il n’y avait pas salle comble. J’ai délivré mon message d’aîné pour les uns et de compagnonnage bienveillant pour les autres. Il faut rassembler les écrivains sans discrimination ni préjugé exclusif, faire de Keur Birago un espace de convivialité et de confraternité ouvert à tous les soldats de la plume dont la mission consiste à « éclairer la société », suivant le viatique de Madame Khady Diène GAYE, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, rappelé par Monsieur LÔ. Il faudra surtout tendre la main, plutôt ouvrir les bras aux jeunes qui grandissent et s’élèvent, indiscutablement, au vu de leurs productions étincelantes et hardies.
Élie, tu as vraiment fait faux bond. Pas parce que tu n’es pas venu au rendez-vous sur le terrain, mais parce que tu ne m’as rejoint sur l’esprit de l’acte symbolique nous devions poser ce jour-là, devant une situation qui ne devrait plus être permise, pour demain et pour la postérité ! Keur Birago qui n’est pas la propriété privée d’un individu ou d’un groupe, est un patrimoine à préserver de l’ostracisme et de l’accaparement indécent et injustifié de comparses que n’aimantent que le prestige et le gain facile. À cette catégorie de plumitifs, il faut faire comprendre que l’écriture n’est ni une sinécure ni un gagne-pain, mais un véritable don de soi, un sacerdoce. Écrire, c’est obéir, par anticipation, à l’injonction de la première sourate du Coran « Iqra ». Pour apprendre ou lire, il faut avoir des écrits. N’est-ce pas le Créateur, Maître Absolu de la Parole, qui inspire les créateurs que sont les poètes, les romanciers, les conteurs, les nouvellistes et autres dramaturge ? Écrivons pour le bien, écrivons pour le beau, écrivons pour l’unité, écrivons pour éclairer et consoler, pour élever et ennoblir. Que nos écrits nous ressemblent et rassemblent. L’écriture qui découle d’un acte de générosité charrie des mots lénifiants qu’une bouche malveillante est incapable de moduler, des mots empathiques qu’une plume narcissique a du mal à transcrire.
Lorsque j’ai appris qu’au bout de leur consultation en salle fermée, c’est Abdoulaye Fodé NDIONE que les membres actifs présents avaient élu nouveau Président de l’AES, je me suis félicité d’avoir prédit l’espoir d’une rupture prometteuse. Avec Fodé, le poète en ascension, vont travailler en qualités de premier et second Vice-présidents Seydi SOW, le sorcier du roman et sa consoeur Sokhna BENGA qui a des talents de scénariste. Djibril DIALLO Falémé, dramaturge novateur, va gérer le Secrétariat général, tandis que le débonnaire Mamadou Caster CAMARA veillera sur les caisses de l’AES qui perdent toute chance d’être noires. J’ai appelé NDIONE pour l’encourager et lui promettre mon accompagnement sans réserve.


Dieu soit loué qui nous garde !


Marouba FALL
Ce dimanche 9 mars 2025.