Dans son roman poignant « Inassouvis, Nos Vies », l’écrivaine franco-sénégalaise Fatou Diome nous transporte dans une France empreinte de tristesse, de frustration et de solitude. À travers le personnage principal, Betty, une veuve d’une trentaine d’années, Diome explore les méandres de la vie quotidienne, tissée de rencontres profondes et de pertes déchirantes.

Betty, une femme ayant traversé les épreuves de la vie, trouve un réconfort inattendu dans la relation solide qu’elle entretient avec une vieille femme rencontrée dans une boulangerie, qu’elle surnomme affectueusement « Félicité ». Comme beaucoup de personnages du roman, le vrai nom de cette doyenne reste inconnu, soulignant peut-être l’anonymat qui enveloppe souvent nos aînés.

La maison de retraite devient le théâtre de conversations riches et poignantes sur le passé tragique des résidents pendant la Seconde Guerre mondiale. Betty, avide d’apprendre et de préserver ces récits, décide de les immortaliser par l’écriture. Ainsi, le roman devient un témoin de la mémoire collective de ces âmes tourmentées par les épreuves de l’Histoire.

Le désir de Betty de voyager devient un tournant majeur dans le récit, symbolisant peut-être une quête de renouveau et d’évasion face à la pesanteur de la tristesse qui enveloppe son quotidien. Cependant, le retour de ce périple n’apporte pas le réconfort escompté. La maison de retraite, jadis un refuge, est plongée dans le deuil suite au décès de Félicité. Le vide laissé par cette figure maternelle de substitution pèse lourdement sur Betty, accentuant sa solitude.

L’entrée en scène d’un jeune homme persistant apporte une lueur d’espoir dans la vie de Betty. Leur rencontre éphémère lui redonne le sourire perdu depuis longtemps, offrant un moment de répit à la protagoniste. Cependant, le destin, toujours capricieux, frappe à nouveau. La nouvelle du décès soudain de son nouvel « amant » plonge Betty dans un abîme de douleur encore plus profond.

La décision de Betty de quitter sans destination précise semble être une manifestation de son besoin de fuir la douleur incommensurable qui la hante. Ce départ, teinté d’une ambiguïté quant à la destination, reflète peut-être le besoin de l’auteure de laisser l’imagination du lecteur vagabonder, tout comme les pensées de Betty en quête d’un apaisement insaisissable.

À travers « Inassouvis, Nos Vies », Fatou Diome explore avec une sensibilité remarquable les thèmes de la perte, de la quête de sens et de l’éternelle recherche du bonheur. Son écriture captivante et émotionnelle laisse une empreinte durable, invitant les lecteurs à réfléchir sur la complexité des vies humaines, marquées par des rencontres fugaces, des pertes déchirantes et la perpétuelle quête d’inassouvissement.