1h15 minutes, en ce matin naissant du samedi 27 avril 2024. Subitement, je me sentis « obligé » de jeter un coup d’œil aux « Convictions » de ma sœur Dieynaba SARR. Son ange marketeur avait entrepris de m’injecter cette drogue appelée curiosité, me poussant à parcourir l’intérieur de cet ouvrage qui reposait tranquillement sur une table, si près de mes paupières, et dont je renvoyais la lecture aux calendes grecques du Bon Dieu. Il venait d’accomplir ce pourquoi il me guettait ces jours derniers, avec un sourire espiègle aux coins des lèvres. Mes nombreuses résistances adossées à la pire maladie de l’humanité, la procrastination, n’avaient réussi qu’à repousser l’échéance, qu’à m’endormir. Cela l’avait tellement agacé, malgré sa grande patience, qu’il finit par utiliser la manière forte pour une tête de mule comme moi. La dose, en très grande quantité, circulait désormais dans mon corps éveillé. Il me fallait dévorer ce  » ceeb littéraire  » si je tenais à retrouver la tranquillité. Le sommeil m’avait si facilement abandonné, préférant la couette d’une inconnue frivole. Le salaud, ce traître, était donc de connivence avec l’ange de Dieyna. Ainsi débutait un voyage de plus de 03 heures, au milieu de la nuit bavarde de mon quartier. J’étais décidé, au gré des pages tartinées de lettres, à percer les entrailles du bouquin pour en boire l’encre, les yeux grandement ouverts. Il faisait jour chez moi en pleine nuit grisâtre d’avril 2024.

Dieyna, comme j’aime l’appeler par affection et feeling, est une jeune juriste à la plume fine, dense, critique et hautement existentielle. Il faut parcourir ses écrits pour immédiatement sombrer dans la beauté délirante de la ponctuation, de la justesse des mots utilisés, de la grammaire dansante et de la conjugaison maîtrisée des verbes dans le temps qui sied.

Parenthèse ouverte. Les juristes n’ont point la réflexion facile mais quand ils écrivent vous avez des roses dans la tête.

Tout petit, je rêvais d’un avenir parmi deux professions : être juriste (avocat) pour plaider le droit dans les cours et tribunaux ou devenir journaliste d’investigation pour aller à la quête excitante de vérités et intrigues cachées. Après seulement deux années à la faculté de droit, me voilà tombé dans l’univers palpitant de la communication. Aujourd’hui encore je me demande comment j’ai atterri merveilleusement là. Certes, j’avais toujours eu de très bonnes notes en langue française, du CI à la Terminale L2, mais j’aspirais à un futur ainsi peint et c’était mon droit le plus absolu. Nul n’est censé ignorer ses propres ambitions. Et comme si cet imprévisible changement de trajectoire ne suffisait pas, je me retrouve, passionné, avec Dieyna et tant d’autres frères et sœurs du Cénacle des Jeunes Écrivains du Sénégal (CJES) à m’aliéner avec dame plume, cette pécheresse que n’épousent que les saints et que n’étreignent que les solitaires. Avec elle, j’ai droit au réel et au rêve, à la spirituelle beauté et à l’érotisme extrême, à la dangereuse liberté et à l’emprisonnement volontaire, à tout et à rien, à l’humilité et à la vanité. Avec elle, je ris, pleure, célèbre, indexe et me tutoie, au recto-verso de la vie, de mon existence comptée, sans limite. Le destin est têtu mais je suis coupable. Je me gave de feuilles et m’abreuve d’encre. Envoûté par choix d’expression. Sans regret. Ma vie se résumant à deux extrémités : droit et devoir.

En parlant de moi, qu’il me soit permis de rendre ici un hommage sincère à Ndeye Faty DIOP, ancienne Secrétaire générale du CJES, alias Fatya Ibrahim, de son nom d’auteure. Ingénieur génie civil, l’autrice de « Haïlée » est « malade » par sa bonté d’âme et belle par sa passion pour la littérature et l’art en général. Elle a eu, sur ma personne, sans le savoir, un impact immense que seuls son humanisme et sa simplicité savent expliquer. Avec elle, je slame toujours entre amitié et complicité discrètes.

Un autre juriste, Saliou Diop CISSÉ, président actuel du CJES, m’apprit de sa belle intelligence que pour vivre en harmonie avec tous, chacun devrait continuellement garder à l’esprit que « Notre acte de naissance est à la fois celui de notre décès ». Qui pour réfuter un si lumineux conseil ?

Marème Soda NDOYE, ancienne présidente du CJES, juriste et diplomate, incarnait à la perfection cette élégance vestimentaire, gestuelle et intellectuelle reconnue à ceux et celles perfusés à la morphine des textes de droit.

Vraiment, j’ai rêvé, étant petit, d’être des leurs.  » Gayi dagno high level, classes, teksi beuri pax ni guinax ! « . Je reste toujours admiratif de ce corps, quelle que puisse être là branche affiliée. Heureusement que l’intelligence est un don que le Bon Dieu accorde, sans retenue, aux hommes et femmes de volonté. Parenthèse fermée.

Revenons aux Convictions de Dieyna, ma sœur au teint noir scintillant qui flatte agréablement les yeux, grande dame à la taille moyenne et au cerveau sérieusement loquace. Elle lit beaucoup. Les multiples références dans « Convictions » en témoignent suffisamment. Dieyna est également l’auteure de l’essai intitulé  » La politique africaine de la France : entre rupture et continuité  » et co-auteure de l’ouvrage collectif  » Sen Njaxas (Cocktail citoyen) : Contribution du G8 pour un Sénégal différent. « 

Il faut du cran pour tutoyer le passé et griffer le présent. Il faut être Dieyna pour aimer la vieillesse de l’histoire et l’unir à jamais, sans tabou ni pudeur, à la jeunesse des jours actuels. Il faut être Dieyna pour obtenir du rigoureux Magistrat Aliou NIANE une préface aussi phraseuse.

J’étais à moitié allongé, le buste posé sur un oreiller moelleux quand, à partir de la page 87 de l’ouvrage jusqu’à la 123ème, une certaine énergie m’asseoir correctement. Dieyna nous y parle de famille. D’amour à facettes multiples. De foi. De femmes. De rencontres. D’un père. D’amitié. D’hommes. De mésestime. De douleur. D’une mère. De vie. De gratitude. De Ndeye Fatou l’exceptionnel être. De frères et sœurs, entre autres sujets.

Cette partie du livre, à différents passages, me ramène fortement à mon histoire personnelle et familiale. Le décès de Mady me secoua, comme si nous nous étions connus antérieurement. Les circonstances de sa mort me glacèrent le dos. Je me déconnectais un moment du livre pour me lancer dans une visualisation folle, cherchant à tâtons qui pouvait être ce jeune homme dont il ne fut trouvé sur lui, après exécution du décret divin, qu’un portefeuille et un chapelet de prière. Que dire de Ndeye Fatou et de tous les autres « absents physiques » ? Hey Allah ! Comme disait l’autre : « Perdre quelqu’un ce n’est pas quelque chose d’anodin… Ça nous rappelle en permanence que la vie ne tient qu’à un fil. »

Pour tout le reste, de la première à la dernière lettre du livre, je refuse volontiers de vous en dire plus, préférant vous encourager à vous procurer les œuvres littéraires de Dieynaba SARR en librairie, notamment à L’Harmattan Sénégal, VDN après le pont de Fann, à côté de la Pédiatrie 24, Sicap Karack, Dakar (+221 33 825 98 58).

Dès que j’eus fini la lecture de l’ouvrage, à 04h38 minutes du matin, je mis en marche le chauffe-eau et me permis bain et relaxant. Sous la douche, je repensais à tous les scénarii présentés par Dieyna, sous divers chapitres, ainsi qu’à l’exactitude des mots employés pour pousser le lecteur à une profonde et large réflexion sur soi-même, sur notre entourage et sur le quotidien qui orne nos éphémères vies pleines d’ambitions et d’ambiguïtés. Je revisitais mes propres certitudes, refusant la suffisance à soi-même, au regard des colorés jets d’encre distillés par Dieyna à propos de notre société, celle dont nous sommes le parfait reflet de miroir. J’attestais avec fierté que Dieyna savait écrire. J’étais charmé et donc je me suis fait juge et jury, prétentieusement, pour lui décerner des points, de très nombreux d’ailleurs ! Son texte est d’une très bonne qualité et les thèmes abordés sont pertinemment exposés. Son préfacier avait raison de nous prévenir, dès les premières pages de l’ouvrage, que : « Par les thèmes abordés, Dieynaba nous dit : « en vous parlant de moi, je vous parle de vous » ». Son ange marketeur se trouva excuser de « tout le mal » qu’il m’avait fait. Le sommeil, après s’être épuisé avec sa belle de nuit, me revint parfumé, léger et souriant. La nuit, décidemment, restera à jamais l’immuable ténèbre des profanes. Je me mis au lit, pour une grasse matinée, porté par la mélodieuse voix de Dieyna au rythme de ses « Convictions ». Oui ! Dieyna est une férue de musique, une mélomane assumée. Si encore vous en doutez, tendez-lui un micro. De ses talents de cantatrice, vous serez ébahis.