Dans une interview accordée au quotidien Le Soleil, Khalil Diallo, lauréat du prix Cénacle national du livre 2024 dans la catégorie poésie, partage un aspect fondamental de son parcours : avant d’être écrivain, il était avant tout un lecteur passionné. Cette passion pour la lecture a profondément façonné son rapport à l’écriture, nourrissant sa quête d’exigence littéraire. 

« Les grands lecteurs sont plus rares que les grands écrivains », affirme-t-il d’emblée, posant les bases d’une réflexion sur l’importance de l’immersion dans la littérature pour devenir un auteur accompli. Parmi les ouvrages qui ont marqué ses premiers pas en tant que lecteur, Khalil Diallo cite des œuvres majeures ayant transcendé leur époque. 

Il évoque notamment Boubacar Boris Diop, dont Les petits de la guenon et Le cavalier et son ombre ont transformé sa perception de la forme narrative. Ces romans l’ont initié à une vision renouvelée du récit, où chaque mot semble peser autant que l’histoire elle-même. Sami Tchak, avec Hermina et Place des fêtes, lui a enseigné l’art de l’intertextualité, cet entrelacement subtil entre les œuvres, les époques et les idées. 

Ses influences ne se limitent pas à la littérature africaine. Il confie avoir été marqué par des œuvres majeures telles que Pastorale américaine de Philip Roth, Le bel été et La lune et les feux de Cesare Pavese, ou encore L’angoisse du gardien de but au moment du penalty de Peter Handke. Ces lectures lui ont montré que l’écriture exige bien plus qu’une simple trame narrative ou des personnages convaincants. « Ils m’ont initié à l’exigence », dit-il, soulignant combien ces auteurs lui ont appris à transcender les mots pour en faire une véritable matière littéraire. 

Khalil Diallo porte ainsi un regard rigoureux sur l’écriture, un art qu’il conçoit comme le fruit d’une patiente alchimie entre l’inspiration, la technique et une soif inextinguible de perfection. « Il faut plus qu’une simple histoire », insiste-t-il, décrivant l’écriture comme un processus exigeant qui consiste à « pétrir la sève des rêves pour en faire de la littérature ». 

À travers cet hommage à ses maîtres littéraires, Khalil Diallo nous rappelle que derrière chaque écrivain se cache un lecteur passionné, guidé par des œuvres qui ont su éveiller en lui un désir d’excellence. Un message inspirant pour tous ceux qui aspirent à écrire et, avant tout, à lire avec ferveur et profondeur. 

Babacar Korjo Ndiaye