
La journée internationale de l’écrivain africain a réuni des écrivains et acteurs du livre de 16 pays. Les réflexions ont été accentuées sur le thème : littérature et écritures plurielles. Au-delà de la littérature, les questions d’une identité africaine et l’importance de la culture ont marqué la clôture de la 33e édition.
La question d’une identité commune pour le continent a eu une place importante dans les échanges des écrivains et professionnels du livre de divers horizons. Pays invité d’honneur, la République Démocratique du Congo a été représentée malgré la crise qui sévit dans ce pays de littérature.
Le parrain de la journée, ancien ministre des affaires étrangères de la Gambie, Mamadou Tangara, a dédié son parrainage au défunt président de l’AES, Alioune Badara Bèye à qui la mémoire a été honorée lors de cette édition marquée par son absence. Il dit se sentir plus africain que simple citoyen gambien.
Pour lui, il est important que les africains pensent en tant qu’africain et qu’ils bannissent les divisions. Il prend l’exemple des pays asiatiques qui ont institué l’enseignement dans leurs langues sans la validation de l’extérieur comme, dit-il, c’est le cas dans nos pays ou les programmes sont assujettis au diktat de partenaires qui souvent sont les bailleurs de nos systèmes d’éducation. «(…) Évidemment, si un partenaire vous donne de l’argent, vous n’allez pas mettre n’importe quoi dans le programme. Si vous empruntez leurs yeux, ils vous forcent à regarder dans la direction qu’ils souhaitent», a déclaré l’ancien ministre des affaires étrangères de la Gambie.
Conséquence, «on finit par savoir tout sur les autres et très peu sur nous-mêmes.» L’exemple le plus patent, c’est la question des droits de l’Homme, la déclaration de l’ONU de 1948 est citée en lieu et place de celle de Kouroukanfouga du Mandé instituée en 1236 par Soundiata Keita. L’autre remarque, c’est la négligence de la place de la culture dans nos sociétés et autres gouvernements.
Pour M. Tangara, il est important que les africains donnent la place qu’il faut à la culture. «Mais malheureusement, dans nos gouvernements, souvent la culture, c’est souvent le parent pauvre», a déploré le parrain.
Représentant du ministre de la culture et du tourisme, le directeur du livre et de la lecture, Ibrahima Lô, prend à sa juste mesure la lourdeur de l’héritage de l’ancien président de l’AES, Alioune Badara Bèye, l’absent le plus présent de l’événement. Les 16 pays qui ont pris part aux réflexions démontrent que le legs est entre de bonnes mains, a pensé le directeur du livre et de la lecture. Il s’est réjoui dans la foulée du fait que des ponts existent malgré les difficultés que la RDC traverse, qu’elle soit présente. Il rappelle la mise en place du prix sous régional, entre le Sénégal et la Gambie, intitulé Alioune Badara Bèye, qui est un acte renforçant les liens entre les nations. Il estime qu’il est aussi temps de sécuriser le patrimoine immatériel en éditant un livre de cette dernière édition ou du moins des cinq précédentes. Et il déclare ainsi la fin de la 33e édition de la journée internationale de l’écrivain africain.
