Papa Moussa SY Professeur de Lettres Ecrivain- poète

Dans le tumulte du monde, au cœur des déchirures géopolitiques et des clameurs nationalistes, la poésie demeure l’un des derniers langages universels, capable de bâtir des ponts là où s’élèvent des murs. Cette année, au Marché de la Poésie de Paris, les poètes palestiniens sont les invités d’honneur. Leur présence n’est pas un simple hommage littéraire : c’est un acte de reconnaissance, un geste diplomatique profond.

La Palestine ne se raconte pas uniquement dans les arcanes du droit international ni dans les discours politiques. Elle se ressent et se transmet dans l’émotion d’un vers, dans la mémoire collective d’un peuple portée par la voix de ses poètes : Mahmoud Darwich, Samih al-Qasim, Fadwa Touqan, Najwan Darwish, ou encore Hend Jouda… Des écrivains qui ont su offrir au monde des fragments de lumière arrachés à l’obscurité de l’exil. Il y a, dans leur écriture, une manière bouleversante et singulière de dire la douleur avec des mots simples, dépouillés, mais d’une densité émotionnelle rare.

Dans ce contexte, il importe de souligner que la diplomatie culturelle ne relève pas uniquement des institutions, mais engage aussi les artistes, écrivains, poètes, musiciens. Là où les voies diplomatiques traditionnelles échouent ou s’enlisent, la culture trace des passerelles. Elle réhumanise l’Autre, murmure là où les armes hurlent, et rapproche les peuples au-delà des frontières visibles et invisibles.

Le Marché de la Poésie a ainsi été, cette année, un espace de solidarité poétique avec la Palestine. Car lire un poème palestinien aujourd’hui, c’est une autre manière d’affirmer : « le silence n’est plus une option ». C’est rappeler que l’identité d’un peuple ne s’efface pas, et qu’un poème peut devenir un acte de résistance, une semence de paix.

Papa Moussa SY
Professeur de Lettres
Ecrivain- poète