Derrière le prestige que représente aujourd’hui le Salon international du livre d’Abidjan (SILA), il y a Mariam Sy Diawara, la main créatrice du projet. Une dame qui a rêvé d’une initiative qui paraissait utopique aux yeux de certains, selon ses propres mots. Animée par la passion et surtout par son altruisme, elle a donné naissance à l’un des événements littéraires incontournables de l’espace francophone.

Des collectes de livres pour constituer des bibliothèques jusqu’à la mise en place de ce salon, tout ce qu’elle a entrepris serait motivé par sa simple volonté d’apporter du bien aux autres.

C’est ainsi que Mariam Sy Diawara décrit son engagement en faveur du livre et de la lecture en Côte d’Ivoire.
« Tout ce que je fais dans ma petite vie, c’est ça qui m’habite : qu’est-ce que je peux faire pour apporter quelque chose à l’humain ? Tout part de ça », explique-t-elle.

Élue première présidente de l’Association des éditeurs de Côte d’Ivoire (ASSEDI) de 1991 à 2001, elle est considérée comme l’une des pionnières de l’édition ivoirienne.

Alors que le monde du livre ivoirien des années 1980-1990 évoluait avec peu d’animation et d’initiatives de promotion, Mariam Sy entreprend d’y diffuser son amour du livre auprès des Ivoiriens et des Africains.
Par la force de ses efforts, cette volonté se concrétise en 1993 avec l’organisation du premier grand événement littéraire sur le sol ivoirien : le premier Salon du livre africain. Dans son élan de valorisation du talent local, elle multipliera les actions afin de créer des espaces destinés à rapprocher les Africains du livre et à diffuser la richesse littéraire africaine à travers le monde.

Après l’organisation du premier salon africain à Abidjan, Mariam Sy Diawara crée en 1998, avec le soutien des aînés et des confrères, le SILA.

Dans un entretien accordé à Culturenouhsi ce mercredi 19 novembre 2025, elle revient sur son parcours, ses contributions, ses rencontres et ses sentiments vis‑à‑vis de l’évolution de la littérature ivoirienne. Un extrait de l’interview, en attendant la vidéo complète.

Comment êtes-vous arrivée dans le monde du livre ?

J’ai fait une interview dans Fraternité Matin avec Dominique Mobio, que j’ai beaucoup apprécié. C’était : amoureuse de Dieu et de toutes ses créatures. « Tout ce que je fais dans ma petite vie, c’est ça qui m’habite : qu’est-ce que je peux faire pour apporter quelque chose à l’humain ? Tout part de ça. »

Je suis arrivée… je ne sais pas comment je suis arrivée. J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie. Dans la communication, il n’y avait pas beaucoup d’Africains ; j’étais la seule à travailler avec des Occidentaux. C’était un peu dur, mais j’ai beaucoup appris. D’abord, être seule à se battre, ensuite, il n’y avait pas de femme. Comme je voyageais beaucoup et que les gens m’aidaient, je voyais beaucoup de choses dans les autres pays.

Dans ma petite tête de jeune, je me disais : « Tout ce que je vois, comment est-ce que je peux l’apporter dans mon pays ? » Et un jour, mon frère me dit : « Même si tu ne peux pas créer, tu peux copier, tout existe déjà. »

J’ai eu la chance de rentrer dans des milieux où toutes sortes de beautés existaient. Quand j’arrivais chez les toubabs et que je voyais qu’ils faisaient des salons du livre, je me disais : Moi, je vais aller faire ça chez moi. Et je demande aux toubabs : « Est-ce que vous pouvez m’aider à faire le salon du livre ? » Et ils m’ont aidée à le faire.

Donc, je ne pense pas à l’appropriation, aux récompenses ou à autre chose. Je me demande toujours : « Que puis-je faire ? Que puis-je apporter ? Qu’est-ce que ça va donner aux autres ? »

Et Dieu merci, dans cette période, dans les années 80 et 90, il y avait des grands frères qui ne me voyaient pas comme une concurrente, mais comme quelqu’un qu’ils pouvaient envoyer et qui pouvait vite faire des choses. J’ai peur de dire des noms parce que tout le monde a aidé. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait par amour pour les autres, pour mon cœur. Pas parce qu’un jour on allait me dire : « Un jour, le SILA » ou quelque chose comme ça.

Culture Noushi