« La littérature engage notre existence concrète, avec ses tensions innées, ses désirs et ses expériences significatives… » Pape François


En dehors des grands noms comme Proust, Joyce, Melville, Senghor, Aminata Sow Fall et ainsi de suite, pouvons-nous prédire que Sokhna Benga obtiendra le billet pour l’immortalité et qu’elle ne tombera pas dans l’obscurité du temps ? Il est clair que son nom d’artiste est plus qu’un symbole pour nous qui sommes ses lecteurs.                                                                                                                                                          
En effet, son roman d’intrigue en question en vaut en tout cas plus que de l’or. Car il donne une importance primordiale à l’action, visant le mystère, l’aventure intérieure, avec des évènements qui titillent notre imagination en raison de leur caractère étrange et indicible. La création d’un personnage principal du nom de WALY NGUILANE renforce en effet ce schéma complexe, par exemple d’intrigue fantastique, par l’adjonction de mystère et d’aventures rythmant sa vie de bohème, la peinture de mœurs sociales, dans le monde sereer notamment, ou d’atmosphère maritime, de l’ambiance tant feutrée qu’exotique. Sokhna Benga s’appuie en effet sur une réalité, l’importance de la relation fraternelle, parfois teintée de racisme, entre colons et indigènes, dans un contexte colonial pour nous dévoiler la vérité d’une quête à la fois personnelle et collective. Son récit est un voyage à Dakar, au Saloum, en pays Sine chez les Saltigui, dans les profondeurs d’une région trempée dans l’eau bénite de la mer, de l’hospitalité et du vivre ensemble entre musulmans et chrétiens. Elle nous décrit avec aisance et une profondeur insoupçonnée les valeurs cardinales du milieu, l’humilité des gens du milieu, la passion pour la mer, les ressorts psychologiques douloureux de la vie, les revers du destin, la force de la vérité face au mensonge, le poids de la culpabilité humaine, l’obsession du rêve, des visions prémonitoires, du cauchemar, le voyage spirituel, etc.
L’âme d’un personnage ne s’exprime –t-elle pas à propos d’évènements extérieurs et par la façon dont il voit le monde ?  En lisant ce brillant récit nous serons peut-être éblouis par le courage de Waly Nguilane face aux épreuves de la vie, sa singulière gloire parmi les siens, son caractère bien trempé dans les choses occultes…  Nous serons étonnés par moments de constater son aspect contraire, sa psychologie binaire, ses fantasmes, son destin fantasque et inspirant.


Sokhna Benga nous invite à constater que nous ne possédons pas de personnalité morale transparente, rationnelle et cohérente ; les individus sont intrinsèquement opaques à eux-mêmes en raison de leur ancrage dans les structures sociales et les histoires qui les précèdent… Un roman à lire… !


El HADJI THIAM