La vague d’indignation suscitée par le désastreux pilotage institutionnel de l’édition 2022 de la Biennale de Dakar ne s’est pas encore dissipée, et le ministère de la culture veut emberlificoter le peuple et le monde des arts en lançant illico presto un appel à candidature sans précision de thème pour l’édition de 2024.
A qui profite vraiment la Biennale des Arts de Dakar est-on tenté de nous demander ?
Nous avions opéré un examen critique de la gestion administrative de l’édition précédente de DAK’ART qui avait vu les pouvoirs publics décaisser deux milliards de nos francs, chose que nous avions d’ailleurs apprécié à sa juste valeur mais, nos appels à la rectification semblent tomber dans des oreilles de sourds.
En effet, malgré une appréciation unanime du travail des commissaires, une kyrielle de dysfonctionnements du Secrétariat général de la biennale avait été mise en relief par des personnalités de haut niveau du monde des arts.
Suffisant pour qu’une masse critique d’acteurs culturels en général et des arts visuels en particulier, donnent de la voix pour fustiger les carences manifestes du Secrétariat Général car, avec bien moins de moyens, les autres éditions de DAK’ART avaient mieux réussi.
A ce jour, il est fortement regrettable que nos correspondances adressées au président de la République et à l’Ofnac soient malheureusement classées sans suite.
Notre demande de rendre publics les rapports critiques des commissaires impliqués dans la 14e édition de la biennale ainsi que le bilan financier est restée vaine.
Cette attitude de mépris a fini de nous convaincre que la culture est une sorte de mare aux canards pour les autorités de ce pays car, comment comprendre que la gestion des importants fonds alloués à la Biennale 2022 ne soient guère auditée avec tous les manquements notés et que l’on se paye le luxe de lancer un appel à candidature pour l’édition 2024.
Quelle suite a aussi été donnée à la sortie médiatique du procureur de la République relative à sa volonté de faire toute la lumière sur les fonds Covid 19 pour les arts visuels ?
Ces comportements sont suffisamment révélateurs des niveaux insoupçonnés de mal gouvernance du secteur de la Culture dans notre pays et, croyez-moi, une mobilisation exceptionnelle des acteurs culturels est en gestation pour opposer un niet catégorique à la tenue de cette Biennale assimilée à un gouffre à milliards profitable à de petits politiciens de la semaine, sur le dos des ayants droit.
C’est pourquoi, nous invitons tous les artistes et acteurs culturels à boycotter la 15e édition de la biennale de Dakar tant que la lumière de l’édition précédente n’est pas faite.
Que l’on se le tienne pour dit, les acteurs culturels d’ici et de la Diaspora ne serviront plus jamais de marche pied pour des administrateurs véreux.
Ousmane Dia, gestionnaire et médiateur culturel, artiste plasticien, professeur d’arts visuels à Genève, président du Collectif Artistes Plasticiens (CAP).