L’histoire du football est jalonnée de moments de tension extrême, où les émotions se mêlent à l’histoire en train de s’écrire. Parmi ces instants, la finale de la Coupe du monde 2006 à Berlin occupe une place à part. L’Italie et la France se sont affrontées dans une rencontre qui a abouti à une cruelle séance de tirs au but, une épreuve redoutée par tous les joueurs, même les plus aguerris.

Dans son livre *Je pense, donc je joue*, Andrea Pirlo livre un témoignage poignant sur cet instant où l’histoire du football allait basculer. Décrit comme un joueur d’une sérénité inébranlable, Pirlo révèle pourtant qu’il était, à cet instant précis, terrifié. La peur le submergeait alors que les tirs au but allaient désigner le champion du monde. Dans un élan instinctif, il cherche un réconfort, une ancre à laquelle s’accrocher. Il trouve alors Fabio Cannavaro, capitaine emblématique de la Squadra Azzurra, et lui murmure : « Fabio, j’ai peur. » Aucune réaction. Il insiste, répète encore son angoisse, mais son capitaine ne bronche pas. Puis, enfin, une réponse, brève mais chargée de conviction : « Tais-toi, Andrea ! Je vais soulever la Coupe du monde dans quelques minutes ! »

Ce court échange résume tout ce qui fait la différence entre un simple match et une finale de Coupe du monde. D’un côté, la peur viscérale d’un joueur qui, malgré son immense talent, sent le poids de l’instant. De l’autre, l’assurance inébranlable d’un capitaine qui ne doute pas une seconde de l’issue du match. Cette confiance quasi prophétique de Cannavaro s’avérera juste : quelques minutes plus tard, il brandira le trophée tant convoité sous les cieux berlinois, tandis que l’Italie est sacrée championne du monde.

Ce moment illustre aussi la nature humaine du football. Derrière le génie technique et tactique, il y a des hommes, avec leurs doutes, leurs craintes, leurs convictions. Pirlo, pourtant maître du jeu d’une élégance rare, se dévoile dans toute son humanité. Cannavaro, lui, incarne la force mentale et le leadership absolu.

Aujourd’hui encore, cette anecdote reste gravée dans les mémoires comme un épisode emblématique de la finale de 2006. Un instant suspendu entre crainte et certitude, entre désespoir et espoir, avant que l’Italie ne s’offre une quatrième étoile et que Cannavaro n’inscrive son nom dans la légende du football.