L’une des premières choses que le professeur de philosophie devrait réussir au début d’année avec ses élèves qui viennent de découvrir la philosophie, c’est d’évacuer dans leur esprit tous les préjugés que les élèves avaient sur la philosophie : une discipline compliquée, aléatoire, difficile d’accès, très redoutable du point de vue de ses prétentions supposées aériennes et de ses exigences intenables etc.
En effet, le professeur de philosophie doit faire en sorte que l’élève comprenne que la philosophie est une discipline comme toutes les autres et qu’elle exige quasiment les mêmes prérequis que les autres matières enseignées.

La philosophie ne devrait donc nullement être la bête noire des candidats qui ont passé presque 9 mois à apprendre à penser, à problèmatiser, à argumenter et à formuler des critiques bien élaborées.

L’élève qui s’apprête donc à passer son épreuve de philosophie doit se sentir légitime et confiant de passer 4h de temps à disserter ou à commenter sans être sous pression, sans angoisser ni paniquer.

Réfléchir philosophiquement nécessite d’être dans des conditions psychologiques et émotionnelles stables pouvant faciliter la sollicitation des méninges.
Il est donc important pour le candidat de prendre toutes les dispositions pour optimiser sa capacité à être efficace.
Voilà ce dont il s’agit dans le cadre d’une évaluation certificative, être efficace.

Pour être efficace, il est important de savoir bien réviser. En philosophie, il est inutile de vouloir apprendre les leçons par chœur pour la bonne et simple raison qu’on attend d’aucun candidat à ce qu’il fasse une restitution de cours dans le cadre d’un traitement d’un sujet de philosophie.Il est attendu du candidat une réflexion pertinente, argumentée et bien etayée.
C’est pourquoi dans le cadre des révisions ce qui serait essentiel, c’est de bien comprendre le problème que pose chaque chapitre et de cerner les pensées qui ont été abordées dans sa prise en charge les confronter tout en sachant faire preuve de recul, d’interrogation sur les différentes positions.

Il est important de savoir établir des liens entre les problèmes philosophiques car cela permet de réviser de manière générale sans fatiguer la mémoire.
La lecture du cours reste suggérée en ce sens qu’elle donne la possibilité de se familiariser avec les notions, idées, concepts et auteurs du programme mais il ne faut pas tomber dans le piège de l’accumulation mémorielle des contenus.

Le programme sénégalais de philosophie n’est pas destiné à l’érudition mais à la capacité à réfléchir sur des problèmes philosophiques d’où la nécessité d’opter pour une révision intelligente qui doit être axée sur la compréhension des débats philosophiques.

Bien réviser en philosophie revient à bien repérer les problèmes intellectuels et philosophiques et de savoir formuler des questions essentielles autour des problèmes pour dégager des pistes de réflexion qui peuvent être nourries par des illustrations mais ces dernières ne sont pas primordiales, indispensables, c’est la capacité à problèmatiser et à dérouler un raisonnement cohérent et convaincant qui prime.
Bien philosopher, ce n’est pas savoir réciter, ni lister des philosophes et leurs citations mais c’est être capable de réfléchir sur des notions d’en saisir les enjeux et les problèmes.

Donc ne vous bourrez pas la mémoire en voulant parchoeuriser tout le vaste programme de philosophie.
C’est improductif, inefficace et absurde.
En outre, pour être efficace il est important de s’exercer à travers des sujets de dissertation et des tes textes à commenter.
Ici, c’est le lieu de rappeler que les élèves qui se spécialisent exclusivement en dissertation ou en commentaire au lieu de maîtriser la méthodologie des deux exercices réduisent leur chance de réussir l’épreuve de philosophie. Il faut s’exercer. Traitez au moins un sujet par jour.
Cela permet de dompter la méthodologie, de maîtriser la démarche de bout en bout.
N’oubliez pas que la philosophie exige lecture, réflexion et concentration.
Ne renoncez jamais face à un sujet quelque soit son hermétécité ou la technicité de ses termes. Il faut prendre chaque sujet à bras-le-corps.
Il faut le tourner dans tous les sens et chercher à reformuler de la manière la plus juste le libellé pour davantage le comprendre.

Ce travail fastidieux de décodage, de déchiffrement et d’interprétation et de tentative incessante de compréhension est le propre de l’esprit philosophique.
Si devant un sujet vous êtes essoufflés, malmenés et troublés dites-vous que vous êtes sur une bonne piste et que vous creusez au bon endroit pour atteindre le fond, le sens du sujet qui va débloquer, ouvrir des perspectives qui mèneront à la découverte de la problématique et probablement de ses résolutions philosophiques.

Ne minimisez donc pas cet effort préparatoire d’archéologue qui consiste à fouiller, déshabiller, dépiécer le sujet pour mieux le reconstituer et l’appréhender.

Ce qui nous permet donc de dire qu’il ne faut pas au moment d’opérer un choix opter pour le sujet le plus difficile.
Il faut partir sur le sujet qui vous parle le plus, qui vous touche, qui vous inspire, qui suscite un intérêt intellectuel chez vous.
Il ne faut jamais prendre un sujet par défis.
Le choix du sujet que ça soit en dissertation ou en commentaire doit être personnel, lucide et jaugé.

Pour la rédaction, il faut avoir constamment le souci d’articuler les idées de manière cohérente et de priopriser les plus pertinentes par rapport à la position qu’on tient à démontrer. Disserter, c’est conduire une réflexion méthodique, convaincante et bien appuyée par des références. Il ne s’agit donc pas de s’exprimer n’importe comment. Il faut organiser les idées et les arguments de sorte qu’ils s’alignent logiquement sans être en déphasage avec la thèse défendue.

En philosophie faire preuve de rigueur conceptuelle est une qualité fondamentale. Il faut cultiver le sens de la précison et de la concision.
Il ne s’agit nullement d’être bavard, volumineux ou redondant mais d’être capable d’un raisonnement objectif, conséquent et prouvé.

Dans le cadre du commentaire le même travail est attendu. Il faut prendre le temps de bien lire le texte, de l’annoter de le surligner et de dialoguer avec lui.
Il faut arriver à faire parler le texte, de lui donner une voix audible pour qu’il vous parle, qu’il vous dise de quoi il parle.
Le texte ne vous parle que parce que vous lui parlez.
Le texte a une langue comme vous et c’est à vous de créer un échange avec lui pour lui soutirer des informations, des secrets, des non-dits, des implicites même ce qu’il dit entre les lignes.

Sans ce travail de dévoilement et de décodage le texte demeure une simple situation syntaxique pour le candidat.
Il revient au candidat d’entrer en contact avec la sémantique par une rigoureuse lecture qui va faire jaillir le sens, la signification profonde du texte.

Prendre en charge un texte, c’est à dire l’expliquer, ce n’est pas le paraphraser. On n’explique pas un texte en reconduisant les mots de l’auteur. Il faut dans l’explication avoir comme boussole les centres d’intérêt du texte dégagés au niveau du plan.

Il s’agit d’expliquer, de mettre en lumière les idées essentielles et centrales du texte avec ses propres mots sans trahir le texte sur lequel on on peut s’appuyer en convainquant par moment des passages pour étayer ou confirmer.

Dans la phase de discussion il est important de démontrer la capacité à prendre du recul, à apprécier la valeur philosophique du texte en essayant de jauger ses idées pour déceler leurs faiblesses et limites.
La discussion est une partie intégrante du commentaire à ne pas négliger. Il faut toujours se rappeler de la consigne du commentaire qui est ( expliquez et discutez).

Le candidat doit obligatoirement et sérieusement aborder cette partie critique en formulant des remises en question argumentées et ne pas se contenter de brèves allusions sur certaines supposées faiblesses formellles du texte.
Il est question de faire preuve d’analyse et de rigueur tout comme dans l’explication.

Par rapport à la gestion du temps. Il faut y aller à son rythme, à sa manière tout évitant la précipitation et les pertes de temps inutiles. Il faut éviter d’être distrait. Cela fait perdre beaucoup de temps. Il faut se concentrer au maximum. Marquer de petites pauses pour souffler par moment. Expirer et inspirer. Se relire, se corriger avant de rendre sa copie bien présentée.

Mafama GUEYE
Professeur de Philosophie au LSLL