Le Prix Les Afriques 2024 de la Cène Littéraire a été décerné en mars dernier à l’écrivaine ghanéenne Peace Adzo Medie pour son roman, « Sa seule épouse » (en anglais « His only wife »).

Ce 28 juin 2025, le prix lui a été officiellement remis.

Peace Adzo Medie incarne parfaitement cette nouvelle génération d’écrivains africains capables d’écrire à propos de l’Afrique en s’adressant aux Africains et au monde entier.

Universitaire accomplie, elle est professeure associée à l’Université de Bristol, où ses recherches novatrices sur le genre, la violence et les politiques publiques ont une portée internationale. Son œuvre universitaire, « Global Norms and Local Action » (Oxford University Press, 2020), issue de son doctorat à l’Université de Pittsburgh, a été couronnée par le prix du meilleur ouvrage 2021 par l’African Politics Conference Group, preuve de son impact transformateur.

Mais la véritable magie de Peace Adzo Medie opère lorsqu’elle dépose sa plume académique pour devenir romancière. D’une chaleur et d’un esprit extraordinaires, son premier roman, « Sa seule épouse », a impacté le monde littéraire. Ecrit depuis le Ghana, sélectionné par le New York Times, encensé par le Time et choisi par le Reese’s Book Club, il a résonné sur tous les continents.

Grâce à la magnifique traduction de Benoîte Dauvergne, « Sa seule épouse », paru aux éditions de l’Aube, restitue toutes les nuances de son éclat originel. Au cœur du roman, on découvre l’histoire d’Afi, une jeune femme qui navigue avec résilience dans un mariage arrangé, cherchant à s’émanciper. Cependant, le roman ne se limite pas à Afi ; une pléthore d’autres personnages révèlent chacun un pan des traditions africaines que Peace Adzo Medie entend dénoncer. Des oncles véreux aux mères revanchardes désireuses de s’élever socialement grâce au mariage de leur enfant, en passant par des amis qui offrent des cadeaux empoisonnés, sans oublier les maris calculateurs et polygames, dominants mais impuissants face leurs mères castratrices, tous pensent qu’une femme n’a rien à dire en dehors de son rôle d’épouse et de génitrice.

De prime abord, on pourrait penser que « Sa seule épouse » est un roman romantique sur l’amour. Mais ce serait une erreur. Ne dit-on pas d’ailleurs que la politique informelle, et souvent la plus puissante, commence souvent dans l’intimité d’un couple, voire dans un lit ?

Le Prix Les Afriques célèbre cette œuvre qui relie les mondes à travers une narration subtile et émouvante. Il s’agit d’un roman à double vocation, aussi bien personnelle que politique. À travers ce prix, nous tenons à saluer la lumière jetée sur les vies des femmes, particulièrement celles d’Afrique, tout en bâtissant un pont entre les douleurs et les combats de toutes les femmes du monde.

Charles Guebogo, Membre du Comité de lecture du Prix littéraire  Les Afriques