«Mon poème n’est pas pyromane de plumes,

 Mais à l’huile et à l’encre de paraffine … »

Chers amis de la plume et de l’âme
Voici la lettre poème qui, mes neurones, enflamme

Je l’ai intitulé ;

«Mon poème n’est pas pyromane de plumes,

 Mais à l’huile et à l’encre de paraffine … »

Il est des feux qui brulent sans embraser, des vacarmes qui résonnent sans éclats ni reluisance. Oui il est des plumes qui tracent des sillons dans le silence du Temps.

J’ai donc décidé, loin d’éteindre la lampe dans les  cendres  de la feuille.

De laisser voler mes plumes.

Marcher haut les vents pour un fumier, pour un feu.

De scruter et d’interroger l’horizon des lettres,

sans jamais brûler aucune plume de maître.  

Je nourris l’espoir de ceux qui croient encore au pouvoir du verbe.

Au pouvoir du poème, pour paraphraser Elie Charles Morreau.

«Mon poème n’est pas pyromane de plumes, mais à l’huile et à l’encre de paraffine … »

A Amadou Lamine Sall, en vous présentant mes condoléances suite à la disparition de Benaissa, un buisson ardent si poétique lui l’initiateur du grand prix Chicaya U Tamsi. Je vous salue respectueusement, maître du souffle poétique,

Et A vous Ibrahima Lo, mon cher ami défenseur infatigable du livre et de la lecture. Je vous salue avec estime et déférence. Voyez vous, je n’ai pas pu résister  à la chaleur des vers.

Tout d’abord

En ce mois de Mars doublement béni,

Je vous dis  Ramadan Kareem …

Et  Saint Temps de Carême

«Mon poème n’est pas pyromane de plumes, mais à l’huile et à l’encre de paraffine … »

Pourtant, force est d’admettre que ce n’est pas là, le premier débat sur et autour des prix littéraires au Sénégal. Mais, vu la qualité des chevaliers, le duel en est historiquement épique. Force est de reconnaitre que du bruit entourent les prix et la désignation de leurs lauréats et   c’est bien normal car c’est d’abord et avant tout une question de choix et le choix est subjectif et je ne vous apprends rien en vous disant que les goûts et les couleurs ne se discutent pas…

Le choix est arbitraire disait l’adage et choisir c’est éliminer raison pour laquelle dans une discipline aussi subjective que la littérature il faut des critères que l’on veut souvent objectifs alors voyait la gageure. Quel style est primé, quelle créativité, quelle maturité, le système et les grilles de lecture , les pointages ? Comment peut-on et doit-on départager entre romans poèmes, et essais dans un même concours ?

Et pourquoi jamais un ouvrage poétique n’a été primé ? C’est un crime de lése majesté au pays de Senghor… Bref! Excusez du peu, je prêche pour la  chapelle poétique  par pure déformation lyrique.

Autant de questions qui démontrent la complexité du choix à faire pour désigner un chef-d’œuvre littéraire. Et d’ailleurs, les chefs-d’œuvre passent souvent à côté des prix, c’est leur lot et l’histoire littéraire en témoigne à foison.

Mais alors ce prix, qui devrait célébrer l’excellence et encourager les plumes émergentes, semble encore soulever des questions dans le choix et les critères jugés flous. Au regard de ce débat, il est grand temps de mieux organiser le processus de sélection, d’établir des règles précises qui garantissent transparence et équité, et je suis convaincu que les membres des jurys passés et à venir ne cracherons pas sur cette proposition, car il y va de la crédibilité renforcée et du prestige affirmé du Grand Prix qui doit  rester et demeurer grand.

Aucun écrivain ne souhaite recevoir un prix aussi grand soit-il mais qui souffre ou est entaché de polémique ou de contestation voire de contentieux à rebours. Ce débat, aussi complexe qu’essentiel, mérite à mon sens d’être inscrit à l’ordre du jour du futur forum sur le livre, envisagé par Son Excellence le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye. Ce forum doit être un espace de concertation ou écrivains, éditeurs, critiques, journalistes culturels, distributeurs, libraires, et aussi lecteurs, bref toute la chaine du livre pourront poser les jalons d’une politique littéraire ambitieuse et cohérente. Car c’est en bâtissant ensemble que nous pourrons hisser la littérature sénégalaise à la place qui lui revient. C’était déjà le propos et l’objectif de mon bloc d’information, au lendemain de l’annonce des mesures présidentielles concernant le livre et l ‘édition, diffusé sur les ondes de la Radio Sud FM.

«Mon poème n’est pas pyromane de plumes, mais à l’huile et à l’encre de paraffine … »

Pourtant, il est nécessaire de réformer et de relancer le Grand prix,pourquoi pas même sous une nouvelle appellation et une formule plus innovante. Je sais qu’à la direction du livre une telle réflexion sera féconde et produira des résultats à la hauteur de l’expertise. Notons aussi la création de prix nationaux et internationaux initiés par des organisations et festivals portés par des acteurs du livre (Cénacle, FILID, etc.). Ces prix pourraient même être intégrés dans un vaste programme cohérent et synchronisé de remise de prix. Je pense à une grande rentrée littéraire, durant laquelle tous les prix seront décernés et à l’image du Goncourt, le Grand prix du Chef de l’Etat viendrait clôturer la série en toute apothéose.  Il est donc souhaitable que nous nous donnions la main pour que les mille et une lumières différentes éclairent cette nouvelle ère de jub jubal jubbanti et j’ajouterai jubbo littéraire. Oui, la parole doit certes se libérer mais pas blesser ni vexer , le livre doit retrouver son prestige, qu’il n’a jamais perdu et la littérature doit redevenir un pilier de notre conscience nationale unie et riche de sa diversité. À l’instar des ICC parlons  d’économie du livre, de productivité, de part de marché de l’édition et de croissance du secteur et pas seulement de prix.

En faisant un clin d’œil poétique à mon jeune  collègue  Fara Njaay qui s’interrogeait sur l’utilité de la poésie avec ses amis. ,Je me permets de rappeler que la littérature ne saurait être un simple instrument d’ornement .Elle est mémoire incandescente des peuples. Elle est contestation et construction à la fois destruction jusqu’à la ruine mais floraison à partir de la plus que racine primales. C’est le charme de l’homme de plume d’être un peu déviant voire subversif .En voyant l’incendie provoqué par la langue des dirigeants américains j’ai voulu, plus que les pompiers du Nevada durant les  flammes dévastatrices ,j’ai voulu épuiser le Mississipi. Oui tarir les flots du Dnipro pour éteindre l’incendie dans leurs bouches. Hélas, constatons que le monde a plus que jamais besoin de poésie … Car la poésie est une arme pacifique de reconstruction massive, qui forge les consciences et élève les peuples et leurs dirigeants aussi.

Pourtant, le Ministère de la Culture trouverait à travers ces échanges une bonne occasion d’approfondir la réflexion . Il ne suffit pas et ne s’agit pas de célébrer les écrivains lors de cérémonies, il faut créer une émulation autour des œuvres literaires. Relooker le Salon du Livre de Dakar et en faire un rendez-vous africain et mondial. Je rêve d’un FESPACO du livre et pas que. Un événement grandiose durant lequel tous les arts, du cinéma à la danse, de la musique à la peinture en passant par le théâtre, seront non seulement décloisonnés mais  reconnectés à la littérature.

«Mon poème n’est pas pyromane de plumes, mais à l’huile et à l’encre de paraffine … »

Et pourtant et enfin, et profitant de mon intrusion par effraction poétique dans ce débat encore une fois si épique, permettez-moi de suggérer une idée qui me tient à cœur et à l’esprit. Celle-là de ne pas voir la future Bibliothèque Nationale reléguée à Diamniadio, loin de l’effervescence intellectuelle de la capitale Dakar nid de créativité littéraire. Elle doit être érigée en un lieu chargé d’histoire et de symbole en une place centrale et attractive et rayonnante. Ainsi le bâtiment situé en face du Ministère de l’intérieur et de l’économie et des finances, sur la place Washington au boulevard de la république, ou bien le site qui abritait l’ancienne école élémentaire Malick Sy au rond-point RTS, en face de la télévision nationale, seraient des endroits beaucoup plus accessibles pour le grand public, les chercheurs, les étudiants, les amoureux des lettres. Ces endroits garantiraient également la fréquentation et l’animation de la future Bibliothèque Nationale, qu’on appelle de tous nos vœux.

«Mon poème n’est pas pyromane de plumes, mais à l’huile et à l’encre de paraffine … »

Peut-être que les braises couvent encore, prêtes à embraser les esprits d’une flamme qui éclaire et inspire sans nuire, guide sans détruire tel le buisson ardent. A vous, mes amis maîtres et bâtisseurs de mémoire, chevaliers et seigneurs des lettres, fines fleurs de la littérature sénégalaise et plumes réputées, je vous rends hommage. Et que la flamme de nos lettres continue de briller, de résister aux vents contraires et d’enflammer le seul et unique foyer de l’espérance et de l’excellence littéraire sénégalaise.

En toute modestie et avec toute mon estime et ma fraternité Poétique !

Ceci est mon grain de sel dans ce débat si sapide…

Amadou Moustapha DIENG

Journaliste cultuel, poète

SG APCS

Membre de la tontine littéraire